Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/88

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SOCRATE.

Par le chien, il me semble que je n’ai pas mal deviné en imaginant, comme je le faisais tout à l’heure, que les hommes de l’antiquité la plus reculée, qui ont institué les noms, ont dû éprouver le même accident qui arrive aujourd’hui à la plupart de nos philosophes ; je veux dire qu’à force de tourner en tout sens dans la recherche de la nature des choses, la tête leur aura tourné à eux-mêmes, et ce vertige leur aura fait voir tous les êtres dans un mouvement perpétuel. Mais ils ne s’avisent guère d’aller chercher dans leur disposition intérieure l’explication de leur manière de voir ; ils croient que ce sont les choses mêmes qui roulent de la sorte, et qui, de leur nature, n’ont rien de stable ni de fixe : ce n’est, à les en croire, que flux et révolutions, mouvement et génération perpétuelle. Or j’applique cette remarque aux mots dont il s’agit.

HERMOGÈNE.

Comment cela, Socrate ?

SOCRATE.

Tu n’as peut-être pas remarqué que ces mots supposent que tous les êtres sont dans un mouvement, un flux, un renouvellement continuel.

HERMOGÈNE.

Non, je ne m’en étais pas douté.