Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/939

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core [977b] à quiconque voudra écouter ses leçons. Qu'on l'appelle monde, olympe ou ciel, peu importe quel nom il plaise de lui donner, pourvu que, s'élevant à la vraie contemplation de ce Dieu, on observe comme il se présente sous mille formes variées, imprime le mouvement aux astres qu'il contient, fait naître les révolutions, les saisons, la vie, les diverses connaissances avec celle du nombre, et tous les autres biens, dont le plus grand est sans contredit cette science du nombre, lorsqu'on sait s'en servir pour expliquer tout l'ordre céleste.

Mais, revenons un moment sur nos pas pour nous rappeler avec [977c] combien de vérité nous avons pensé que si on était le nombre à l'humanité, on lui rendrait impossible toute prudence. En effet, l'âme de l'animal qui serait destitué de raison serait incapable de réunir jamais toutes les vertus. Ignorant ce que c'est que deux et trois, le pair et l'impair, en un mot n'ayant aucune idée du nombre, il ne sera jamais en état de rendre raison d'aucune chose, ne la connaissant que par les sens et la mémoire. Rien n'empêche [977d] qu'il n'ait les autres vertus, comme la force et la tempérance; mais, privé de la véritable raison, jamais il ne deviendra sage, et quiconque n'a pas la sagesse, qui est la partie principale de toute vertu, ne pouvant devenir parfaitement bon, ne peut conséquemment parvenir au bonheur. Il est donc de toute nécessité que le nombre serve de fondement à tout le reste. Pour l'expliquer, il faudrait entrer dans des développements plus étendus que tout ce qui a été dit jusqu'ici; mais ce qu'on peut dire de mieux pour le moment, c'est que de tous les arts dont nous avons fait le dénombrement, en voulant bien leur accorder le nom [977e] d'arts, il n'en est aucun qui puisse subsister, aucun qui ne périsse entièrement, si on ôte la science du nombre. A ne jeter les yeux que sur les arts, on pourrait croire