Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/944

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confiance qu'ils l'écouteront, et fais-nous part des belles inspirations qui te viendront sur les dieux et les déesses.

L'ATHÉN. C'est ce que je vais faire, pourvu que Dieu lui-même me serve de guide ; joins seulement tes prières aux miennes.

CLINIAS. Parle maintenant.

L'ATHÉN. Ceux qui nous ont précédés ayant mal expliqué l'origine des dieux et des animaux, je dois commencer par réformer leurs erreurs à ce sujet, en reprenant ce qui a été prouvé dans l'entretien précédent [980d] contre les impies[1], savoir, qu'il y a des dieux, que leur providence s'étend à tout, aux petites choses comme aux grandes, et qu'ils sont inflexibles à l'injustice. Vous vous en ressouvenez sans doute, Clinias, car vous avez écrit notre entretien, et vous le devez d'autant plus que nous n'avons rien dit qui ne fût exactement vrai. Or, le point fondamental de cette discussion était que l'âme a préexisté au corps. Vous le rappeliez-vous ? La chose n'est-elle pas ainsi ? Car il est selon la raison que ce qui est d'une nature plus excellente, soit aussi plus ancien et plus divin [980e] que ce qui tient d'une nature inférieure, et doit être par conséquent plus jeune et moins honoré, comme ce qui gouverne existe avant ce qui est gouverné, et ce qui imprime le mouvement avant ce qui le reçoit. Reconnaissons donc que l'existence de l'âme est antérieure à celle du corps. [981a] Mais s'il en est ainsi, il est encore plus selon la raison que le principe de l'existence soit antérieur à tout être existant. Établissons donc comme une chose plus conforme à l'ordre qu'il y a un principe de principe, et que nous prenons la route la plus droite pour nous élever à ce qu'il y a de plus sublime dans la sagesse, c'est-à-dire l'origine des dieux.

  1. Voyez le livre X des Lois.