Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/948

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tous les animaux. [983a]

Que nous ayons raison, au reste, de soutenir que ce sont des corps animés, c'est de quoi nous pouvons nous convaincre en faisant attention à leur grandeur. Car il n'est pas vrai qu'ils soient en effet aussi petits qu'ils nous paraissent : bien au contraire, leur masse est d'une grosseur prodigieuse. On ne peut refuser de le croire, parce quecela est appuyé sur des démonstrations suffisantes. Ainsi, on ne se trompera point en se représentant le corps du soleil plus grand que celui de la terre ; les autres corps célestes ont aussi une grandeur qui surpasse l'imagination. Or, quelle nature, je vous prie, pourrait imprimer à des masses énormes un mouvement circulaire qui dure constamment depuis tant de siècles, tel qu'il est aujourd'hui? [983b] Je soutiens que Dieu seul est la cause d'un pareil effet, et que la chose n'est pas possible autrement. Car comme nous l'ayons démontré, un corps ne peut devenir animé par une autre puissance que celle de Dieu ; et puisque cela est possible à Dieu, rien ne lui a été plus facile que d'animer un corps, une masse quelconque, et de lui prescrire ensuite tel mouvement qu'il a jugé le plus convenable. En un mot, pour dire à ce sujet toute la vérité, il est impossible que la terre, [983c] le ciel, toutes les constellations et les masses qui les composent, se meuvent avec tant de justesse suivant les années, les mois, les jours, et soient pour nous tous la source de tous les biens, à moins que chacun de ces corps n'ait près de lui ou en lui une âme qui le dirige. Et plus l'homme est méprisable en comparaison de ces grands corps, plus il convient qu'il ne débite point de rêveries à cet égard, et ne dise rien que d'intelligible. Or, c'est ne rien dire d'intelligible que d'attribuer la cause de ces mouvements à je ne sais quelle force inhérente aux corps, à de certaines propriétés, ou à quelque chose de semblable.