Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/952

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des sacrifices établis par la loi du pays, parce qu'il est ignorant en ces sortes de choses, toute nature mortelle étant incapable d'y rien connaître.

Par rapport aux dieux que nous voyons à découvert, la même raison ne nous apprend-elle pas que ceux-là sont très méchants qui n'osent ni nous en parler ni les faire connaître, souffrant qu'on les laisse sans sacrifices et privés des honneurs qui leur sont dus ? Or, c'est ce qui arrive [985e] aujourd'hui; c'est comme si quelqu'un ayant vu le soleil ou la lune se lever et nous éclairer tous, n'en disait rien aux autres, quoiqu'il pût, à quelques égards, leur en donner connaissance, et, voyant qu'on ne leur rend aucun honneur, ne s'efforçait point, autant qu'il est en lui, de les mettre en une place honorable, à la vue de tout le monde, de faire instituer pour eux des fêtes et des sacrifices, et de se servir pour la distribution des saisons du temps qu'ils mettent à parcourir, le soleil une année plus longue, [986a] la lune une année plus petite[1]. Ne dirait-on pas avec raison de cet homme que, par sa méchanceté, il se nuit à lui-même et à quiconque a comme lui la faculté de connaître?

CLINIAS. Sans contredit; ce serait un très méchant homme.

L'ATHÉN. Eh bien, mon cher Cl!nias, c'est là précisément le cas où je me trouve.

CLINIAS. Que dis-tu là ?

L'ATHÉN. Sachez que dans toute létendue du ciel il y a huit puissances, toutes sœurs l'une de l'autre. Je les ai aperçues, et ce n'est pas une grande découverte: [986d] elle est aisée pour tout autre. De ces huit puissances,

  1. Il ne s'agit point ici de l'année lunaire, telle que nous l'entendons, mais du temps que met la lune à faire sa révolution périodique, et à revenir au point d'où elle est partie : c'est ce que signifie ἐνιαυτός.