Page:Platon - Œuvres, trad. Cousin, XI, XII et XIII.djvu/969

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légitime l'est toujours, l'est pour nous et pour les autres. Mais quand je vois [316c] qu'incessamment nous édifions et renversons des lois, je ne saurais en être persuadé.

SOCR. C'est peut-être parce que tu ne réfléchis pas qu'à travers toutes ces transformations la loi reste la même. Mais suis avec attention mon raisonnement: as-tu jamais vu quelque ouvrage sur la guérison des malades ?

L'AMI. Oui.

SOCR. Sais-tu à quel art rapporter un tel écrit?

L'AMI. A la médecine, je pense.

SOCR. Et tu donnes le nom de médecins: à ceux qui sont habiles dans cet art.

L'AMI. Oui.

SOCR. [316d] Or, les hommes habiles ont-ils les mêmes règles sur les mêmes choses, ou bien ont-ils des règles différentes ?

L'AMI. Ils ont les mêmes règles, à ce que je pense.

SOCR. N'y a-t-il que les Grecs qui s'accordent avec les Grecs sur les choses qu'ils savent, ou bien les Barbares sont-ils là-dessus d'accord et avec eux-mêmes et avec les Grecs?

L'AMI. Il est de toute nécessité que Grecs et Barbares soient tous du même avis sur les choses qu'ils savent.

SOCR. C'est bien répondu. Et en est-il toujours ainsi ?

L'AMI. Oui, toujours.

SOCR. Or, n'est-il pas vrai que les médecins écrivent sur la manière de guérir ce [316e] qu'ils croient la vérité ?

L'AMI. Oui.

SOCR. Ces écrits:des médecins sont donc véritablement les lois de la médecine ?

L'AMI. Oui.

SOCR. Les écrits sur l'agriculture sont-ils aussi les lois de l'agriculture?