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ALCIBIADE

les choses qui font, l’une par sa présence, l’autre par son absence, qu’elle fonctionne mieux, qu’elle se garde en meilleur état et est mieux administrée ?

Alcibiade. — Si je ne me trompe, Socrate, c c’est lorsque l’amitié entre les citoyens est présente, tandis que la haine et l’esprit de faction sont absents.

Socrate. — Ce que tu appelles amitié, est-ce un accord ou un désaccord ?

Alcibiade. — C’est un accord.

Socrate. — Dis-moi donc quelle est la science qui fait que les États sont d’accord sur les nombres ?

Alcibiade. — C’est l’arithmétique.

Socrate. — Et pour les individus ? n’est-ce pas aussi l’arithmétique ?

Alcibiade. — Assurément.

Socrate. — Et c’est par elle aussi que chacun est d’accord avec lui-même ?

Alcibiade. — En effet.

Socrate. — Sur la longueur relative de la spithame et de la coudée, d quelle est la science qui fait que chacun est d’accord avec lui-même ? N’est-ce pas la mensuration ?

Alcibiade. — Évidemment.

Socrate. — Et c’est elle aussi qui établit l’accord des individus entre eux et des États ?

Alcibiade. — Oui.

Socrate. — En matière de pesée, n’en est-il pas de même ?

Alcibiade. — Si.

Socrate. — Eh bien, cet autre accord dont tu parles, en quoi consiste-t-il ? quel en est l’objet ? quelle est la science qui l’établit ? Et celle qui le procure à l’État, le procure-t-elle aussi aux individus, soit à chacun en particulier, soit entre eux ?

Alcibiade. — Cela doit être.

Socrate. — Quelle est-elle donc ? Ne te fatigue pas de mes questions, e tâche de me bien répondre.

Alcibiade. — L’amitié et l’accord dont je parle, ce sont, je crois, ceux qui font qu’un père et une mère qui aiment leur fils s’accordent avec lui, le frère avec le frère, la femme avec son mari.