Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome I.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
APOLOGIE DE SOCRATE

Pourtant, juges, c’est la vérité ; seulement, il n’est pas facile de vous la faire admettre.

Socrate
propose, à titre d’accommodement, de payer une petite amende.

b

De mon côté, je n’ai pas l’habitude de me juger digne d’une peine quelconque. Si toutefois j’avais de l’argent, je proposerais de payer telle amende que je serais en état d’acquitter ; car cela ne me ferait aucun mal. Mais, que voulez-vous ? je n’en ai pas. À moins, cependant, qu’il ne vous convienne de mesurer l’amende à mes moyens. Peut-être bien pourrais-je payer une mine d’argent. Soit, une mine, voilà donc ce que je propose.

Ah ! Platon ici présent, Athéniens, et, avec lui, Criton et Critobule, ainsi qu’Apollodore, me pressent de vous proposer 30 mines et de vous offrir leur caution. Eh bien, je vous propose cette somme : vous aurez en eux des garants dignes de toute confiance.




TROISIÈME PARTIE

ALLOCUTION DU CONDAMNÉ À SES JUGES

Socrate à ceux des juges qui avaient voté sa condamnation à mort.

c

Voici donc, Athéniens, que, faute d’un peu de patience de votre part, ceux qui cherchent à décrier notre ville vont vous accuser et vous diffamer comme ayant mis à mort Socrate, renommé pour sa science. Car ils diront que j’étais savant, quoique je ne le sois pas, pour le plaisir de médire de vous. Pourtant, vous n’aviez guère à attendre ; le cours naturel des choses vous aurait donné satisfaction. Vous voyez mon âge, je suis avancé dans la vie, j’approchais de ma fin. d Ce que je dis là ne s’adresse pas à vous tous, mais seulement à ceux qui m’ont condamné à mort.

Et j’ai encore autre chose à leur dire. Peut-être pensez-vous, Athéniens, que j’ai été condamné faute d’habiles discours, de ceux qui vous auraient persuadés, si j’avais cru qu’il fallait tout faire et tout dire pour échapper à votre sentence. Rien de moins exact. Ce qui m’a manqué pour être acquitté, ce ne