Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome III, 2.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
466 a
135
GORGIAS

laisse-moi m’en contenter selon mon droit. Et maintenant, vois ce que tu veux faire de ma réponse.


Retour à Polos.

Polos. — Ainsi donc, selon toi, la rhétorique est flatterie ?

Socrate. — J’ai dit « une partie de la flatterie ». Ne t’en souviens-tu pas, Polos, à ton âge ? Que feras-tu plus tard ?

Polos. — Tu crois donc que les bons orateurs sont considérés avec mépris[1] dans les cités en qualité de flatteurs ?

b Socrate. — Est-ce une question que tu me poses, ou le début d’un discours ?

Polos. — C’est une question.

Socrate. — Eh bien, je crois qu’ils ne sont considérés ni de cette façon ni d’une autre.

Polos. — Veux-tu dire qu’ils passent inaperçus ? Mais ne sont-ils pas tout-puissants dans l’État ?

Socrate. — Nullement, si tu appelles « puissance » une chose qui soit un bien pour celui qui la possède.

Polos. — Telle est en effet ma pensée.

Socrate. — Eh bien, à mon avis, les orateurs sont les moins puissants des citoyens.

Polos. — Comment cela ? Ne peuvent-ils pas, comme les tyrans, faire périr qui ils veulent, c spolier et exiler ceux qu’il leur plaît ?

Socrate. — Par le chien, je me demande, Polos, à chaque mot que tu dis, si tu parles pour ton compte et si tu exprimes ta propre pensée, ou si c’est moi que tu interroges.

Polos. — Mais certainement, je t’interroge !

Socrate. — Soit, mon ami ; alors tu me poses une double question ?

Polos. — Double ? Comment cela ?

Socrate. — Ne m’as-tu pas dit, ou à peu près, que les ora-

    objet le corps, Socrate veut utiliser ce qu’il en a dit pour se faire comprendre au sujet des arts et des flatteries qui concernent l’âme. Mais avant de déterminer le rapport des quatre disciplines (arts et flatteries) du second domaine, prises deux à deux, avec les disciplines du premier, il fixe d’abord le rapport que celles-ci ont entre elles. L’omission de cette première phrase dans deux mss. paraît accidentelle. — Pour la confusion entre sophistes et orateurs, cf. 520 a.

  1. Au lieu de discuter la théorie que vient d’exposer Socrate sur