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LE BANQUET

Phèdre a bien raison. Mon désir est donc à la fois d’apporter à ce dernier mon offrande, et de lui faire une gentillesse ; et en même temps, si je ne me trompe, il vous sied à présent, à vous présents ici, d’honorer le dieu. Si donc à votre tour, vous étiez de cet avis, d nous aurions là assez de matière pour occuper le temps en discours : il faut, en effet, c’est mon opinion, que chacun de nous prononce un éloge de l’Amour, et, en suivant l’ordre vers la droite, le plus bel éloge dont il sera capable ; et il faut que Phèdre soit le premier à commencer, puisqu’aussi bien il occupe la première place, et qu’il est en même temps le père du sujet. — Personne, dit Socrate, ne votera contre ta proposition, Éryximaque ! Elle n’a chance d’être combattue, ni sans doute par moi, qui assure ne rien savoir d’autre que ce qui a trait à l’amour[1] ; ni, je pense, par Agathon et Pausanias ; e pas davantage par Aristophane, lui dont Dionysos et Aphrodite font toute l’occupation ; non plus que par aucun de ceux que je vois ici. Ce n’est pas, pourtant, à égalité que nous nous trouverons, nous qui occupons les dernières places ! Si toutefois il arrive que ceux qui sont avant aient dit tout ce qu’il y a à dire et de la bonne manière, rien ne fera mieux notre affaire. Allons ! souhaitons bonne chance à Phèdre pour ouvrir le débat et dire les louanges de l’Amour !”

« Ce langage eut l’approbation de tout le monde, et aux encouragements de Socrate les autres joignirent les leurs. » 178 À coup sûr, de tout ce qui fut dit par chacun, Aristodème n’avait pas gardé un entier souvenir, pas plus que moi Apollodore, je ne me rappelle tout ce que m’a dit celui-ci, mais les choses les plus importantes ; et les discours dont il m’a paru qu’il valût la peine de garder mémoire, ce sont ceux-là que, de chaque orateur, je vous rapporterai.


Première partie :
conceptions non philosophiques.

Le premier, vous le savez déjà, d’après Aristodème c’était Phèdre, et voici quel fut à peu près l’exorde de son discours : Discours de Phèdre : mythologie et traditions. « “C’est, dit-il, une grande divinité que l’Amour, une divinité merveilleuse, et chez les hommes et chez les dieux ; et cela à nombre de titres divers, dont le moindre cependant n’est pas celui qui concerne sa naissance.

  1. Cf. p. 37, n. 2 et p. 72, n. 1.