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LE BANQUET

Astronomie.

“Considérons encore l’ordonnance des saisons de l’année : elle est toute pleine de ces deux amours. Toutes les fois que l’amour bien réglé se rencontre dans les relations mutuelles de ces opposés dont je parlais précisément tout à l’heure, le chaud et le froid, le sec et l’humide, donnant ainsi la juste mesure à leur harmonie et à leur combinaison, alors ceux-ci viennent apporter la prospérité, la bonne santé aux hommes, aux autres animaux, aux plantes aussi ; et aucun préjudice ne leur est causé. Quand au contraire l’amour où il y a de l’emportement réussit à prévaloir en ce qui concerne les saisons de l’année, alors b il y a quantité de choses endommagées, beaucoup de préjudice causé : les épidémies[1], d’habitude, sortent de là, et aussi une abondance variée d’autres maladies, et pour les bêtes et pour les plantes : gelée, grêle, nielle du blé ne résultent-elles pas d’une disproportion et d’un désordre des relations dans ce domaine particulier des phénomènes d’amour ? Ce domaine est l’objet d’une science qui traite des mouvements des astres en même temps que des saisons de l’année, et dont le nom est astronomie.

Divination.

“Et quoi encore ? Il y a aussi tout l’ensemble des sacrifices et des choses auxquelles préside la divination (donc, ce commerce c mutuel des dieux et des hommes) ; tout cela n’a qu’un but : sauvegarder l’amour aussi bien que le guérir[2]. Toute impiété résulte ordinairement en effet de ce que, au lieu de se montrer favorable à l’amour bien réglé, on ne l’honore ni ne le vénère en tout ce qu’on fait, mais bien plutôt l’autre

    l’application. Dans la nature des choses en effet, non pervertie et envisagée à part de l’utilité humaine, il n’y a place que pour l’accord et la proportion, donc seulement pour le bon amour : un accord est, ou il n’est pas ; cf. p. 24, 1 et Phédon, 93 ab.

  1. Considérées à part des maladies ordinaires, comme dans le grand traité hippocratique Sur les épidémies.
  2. Cette idée de sauvegarde ou de vigilance, déjà rencontrée à la fin de 187 c et d, est en relation ; d’une part avec les idées d’examen et de diagnostic (188 c et 187 c s. fin.), d’autre part avec l’idée de guérir (188 c déb. et fin) : dans tous les arts, la tâche de l’homme compétent est de sauvegarder le normal par le discernement de son éventuelle perversion et en vue de guérir l’anormal.