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LA RÉPUBLIQUE IX


Deuxième
démonstration
fondée
sur la distinction
des trois parties
de l’âme.
d

VII  C’est bien, dis-je : voilà une première démonstration. En voici une deuxième : vois si elle te paraît avoir quelque valeur.

Quelle est-elle ?

Si, repris-je, de même que l’État est partagé en trois corps, l’âme de chaque individu est aussi divisée en trois parties, il y a lieu, ce me semble, de tirer de là une nouvelle démonstration.

Laquelle ?

La voici. Puisqu’il y a trois parties[1], il me paraît qu’il y a aussi trois sortes de plaisirs propres à chacune d’elles, et aussi trois ordres de désirs et de commandements.

Comment entends-tu cela ? demanda-t-il.

Nous avons, je le répète, reconnu une partie par laquelle l’homme connaît, et une par laquelle il s’irrite ; quant à la troisième, elle a tant de formes différentes que nous n’avons pu lui trouver de nom eunique et approprié ; mais nous l’avons désignée par ce qu’il y a de plus important et de prédominant en elle : nous l’avons appelée appétitive, à cause de la violence des désirs relatifs au manger, au boire, à l’amour et autres appétits du même genre ; nous l’avons appelée aussi amie de l’argent, parce que c’est principalement à l’aide de l’argent 581qu’on satisfait ces sortes de désirs.

Et nous avons eu raison, dit-il.

Si donc nous ajoutions que son plaisir et son amour se rapportent au gain, nous appuierions notre manière de la désigner sur un point particulièrement important, et nous aurions une idée claire, toutes les fois que nous parlerions de cette faculté de l’âme, et en l’appelant amie de l’argent et du gain, nous lui donnerions, n’est-ce pas ? un nom qui lui convient.

Pour ma part, je le crois, dit-il.

Quant à la partie irascible, ne disons-nous pas qu’elle ne cesse d’aspirer de toutes ses forces à la domination, à la victoire et à bla réputation ?

Si.

  1. Ces trois parties de l’âme, correspondant aux trois ordres de l’État, ont été reconnues au livre IV, 436 a sqq.