Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome VII, 2.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
602 c
95
LA RÉPUBLIQUE X

De quoi veux-tu parler ?

De ceci. La même grandeur, selon qu’elle se présente à nos yeux de près ou de loin, ne paraît pas égale, n’est-ce pas ?

Non, en effet.

Et les mêmes objets paraissent brisés ou droits, selon qu’on les regarde dans l’eau ou hors de l’eau, concaves ou convexes suivant une autre illusion visuelle produite par les couleurs, et il est évident que tout cela jette le trouble dans notre âme. dC’est à cette infirmité de notre nature que la peinture ombrée, l’art du charlatan et cent autres inventions du même genre s’adressent et appliquent tous les prestiges de la magie.

C’est vrai.

Contre cette illusion n’a-t-on pas découvert de très beaux remèdes dans la mesure, le calcul et la pesée, de façon que ce qui prévaut en nous, ce n’est pas l’apparence variable de grandeur ou de petitesse, de quantité ou de poids, mais bien la faculté qui a compté, mesuré, pesé ?

Sans doute.

eOr on peut regarder toutes ces opérations comme étant l’œuvre de la raison qui est en notre âme.

De la raison, en effet.

Mais à cette faculté qui, après avoir mesuré, indique que certaines choses sont plus grandes ou plus petites les unes que les autres, ou égales entre elles, les mêmes choses apparaissent parfois dans le même temps contraires l’une à l’autre.

Oui.

N’avons-nous pas dit que la même faculté ne pouvait pas porter simultanément deux jugements contraires sur les mêmes choses ?

Et nous avons eu raison de le dire.

603Par conséquent, ce qui juge dans l’âme sans égard à la mesure ne saurait être la même chose que ce qui juge d’après les mesures.

Non, en effet.

    qu’il y avait de flottant et de vague dans la pensée de Platon sur le θυμοειδές.