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LA RÉPUBLIQUE X

Rien n’est plus juste, fit-il, que ce discours.


X  Par la même raison, repris-je, si la maladie du corps n’engendre pas dans l’âme une maladie de l’âme, ne croyons jamais que l’âme périsse par un mal qui lui est étranger, sans l’intervention du mal qui lui est propre, et que l’un périsse par le mal de l’autre.

Ton raisonnement est juste, dit-il.

Il faut donc le réfuter et en montrer la fausseté, ou, tant qu’il ne sera pas réfuté, bnous bien garder de dire que la fièvre, ni aucune autre maladie, ni le meurtre, dût le corps tout entier être haché en menus morceaux, que ces maux ; dis-je, puissent jamais contribuer à faire périr l’âme. Il faudrait auparavant démontrer que ces accidents du corps ont pour effet de rendre l’âme elle-même plus injuste et plus impie ; mais quand dans une substance s’introduit un mal qui lui est étranger, si le mal qui lui est propre ne s’y joint pas, ne laissons pas dire que l’âme cni quelque autre chose que ce soit périsse.

Il est certain, dit-il, qu’on ne prouvera jamais que les âmes des mourants deviennent plus injustes par l’effet de la mort.

Mais si quelqu’un, repris-je, osait attaquer notre raisonnement et soutenir, pour échapper à la nécessité de reconnaître l’immortalité de l’âme, que celui qui meurt devient plus méchant et plus injuste, nous conclurions que, si notre contradicteur a raison, l’injustice est mortelle pour l’homme injuste, comme la maladie, det que c’est ce mal même, meurtrier par nature, qui tue ceux qui le reçoivent en eux, que les plus injustes meurent plus tôt, les moins injustes plus tard, tandis qu’au contraire c’est le châtiment que d’autres leur imposent en punition de leur injustice qui est la cause de leur mort.

    détruit pas ? Il serait plus vrai de prétendre que le vice est capable de tuer l’âme, justement parce qu’il est capable de la rendre mauvaise (609 b), et Panaetius usait de cet argument pour prouver que l’âme était mortelle. « Nihil esse quod doleat quin id aegrum esse quoque possit. Quod autem in morbum cadat, id etiam interiturum, dolere autem animes, ergo etiam interire. » Cic., Tusc. Disp. 1, 79.