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LA RÉPUBLIQUE VIII

C’est manifeste, dit-il.

Eh bien, dans les États oligarchiques ne vois-tu pas qu’il y a des mendiants ?

Presque tous le sont, dit-il, à l’exception des chefs[1].

eNe faut-il pas croire dès lors, continuai-je, qu’il s’y trouve aussi force malfaiteurs armés d’aiguillons, que les magistrats contiennent soigneusement par la force ?

Assurément, il faut le croire, répondit-il.

N’est-ce point à l’ignorance, à la mauvaise éducation et à la forme du gouvernement qu’il faut attribuer le développement d’une telle engeance ?

Si.

Tel est donc le caractère de l’État oligarchique, tels sont les vices qu’on y rencontre, et sans doute y en a-t-il davantage.

Peut-être, dit-il.

553Nous en avons fini, repris-je, avec cette forme de gouvernement qu’on appelle oligarchie, où le cens donne le pouvoir. Examinons maintenant l’homme qui répond à cette constitution ; voyons comment il se forme et quel est son caractère.

Oui, dit-il, voyons.


L’homme
oligarchique.

VIII  N’est-ce pas précisément de cette manière qu’il passe de l’esprit timocratique à l’esprit oligarchique ?

De quelle manière ?

Quand l’homme timocratique a un fils, celui-ci imite d’abord son père et marche sur ses traces ; ensuite voyant que son père s’est brisé soudain contre l’État, bcomme contre un écueil, et qu’après avoir prodigué ses biens et sa personne, soit à la tête des armées, soit dans quelque autre grande

    μοῖρα et il affirme qu’un Spartiate pouvait donner ou léguer ses biens, mais qu’il n’était pas beau de les vendre (Polit. B 9 1270a 19 sqq.).

  1. Tel était le peuple d’Athènes avant la législation de Solon. Cf. Aristote, Const. d’Athènes XII, 4 : « J’ai ramené à Athènes, dit Solon, … bien des gens vendus plus ou moins justement, les uns réduits à l’exil par la nécessité terrible, ne parlant plus la langue attique, tant ils avaient erré en tous lieux ; les autres ici même subissant une servitude indigne et tremblant devant l’humeur de leurs maîtres, je les ai rendus libres. » (Trad. Haussoullier et Mathieu).