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LA RÉPUBLIQUE VIII

Elle le sera en effet.

Prenons maintenant un exemple des uns et des autres, afin de nous en faire une conception générale.

C’est ce qu’il faut faire.

Le désir de manger, autant qu’il le faut pour la santé et le bon état du corps, ce désir de la simple nourriture[1] et des assaisonnements qu’on y ajoute, n’est-il pas un désir nécessaire ?

bJe le crois.

Le désir de la nourriture est apparemment nécessaire pour deux raisons, et parce que la satisfaction en est utile, et parce qu’elle est indispensable à la vie.

Oui.

Et celui des assaisonnements aussi, s’il a quelque utilité pour le bon état du corps.

Assurément.

Mais le désir qui va au delà de ces deux-là, le désir de mets plus recherchés que ceux que nous venons de dire, désir qu’on peut, par une répression commencée dès l’enfance et par l’éducation, supprimer chez la plupart des hommes, désir nuisible au corps, non moins nuisible à l’âme, à la sagesse et à la tempérance, caurions-nous tort de l’appeler superflu ?

Nous aurions grandement raison.

Ne dirons-nous pas aussi que ces désirs sont des désirs prodigues, tandis que les premiers sont des désirs amis du profit, parce qu’ils sent utiles à notre activité ?

Sans doute.

Nous en dirons autant des désirs amoureux et des autres ?

Oui.

Et le frelon dont nous parlions tout à l’heure, n’avons-nous pas dit que c’était l’homme livré à ces plaisirs et à ces désirs et gouverné par les désirs superflus, au lieu que l’homme gouverné par les désirs nécessaires est ménager et oligarchique ?

dSans doute.


Comment d’oligar­chique on devient
démocratique.

XIII  Maintenant, repris-je, revenons à l’individu et disons comment d’oligarque on devient démocrate. Il

  1. C’est-à-dire le désir de manger, indépendamment de la qualité de la nourriture. Cf. 437 d-439 a.