subsistent sans aucun changement, comme celles d’un homme qui a trouvé la vérité pour le gouvernement de l’État[1].
Le disciple. — Tes raisons, Socrate, me paraissent vraisemblables.
Socrate. — Si je dis vrai, ne te semble-t-il pas alors que les Crétois, concitoyens de Minos et de Rhadamanthe, possèdent les lois les plus anciennes ?
Le disciple. — Il le paraît bien.
Socrate. — Ils ont donc été, parmi les anciens, les meilleurs législateurs et les meilleurs gardiens et pasteurs d’hommes, au sens où cHomère appelle aussi « pasteur de peuples »[2] le bon chef d’armée.
Le disciple. — Parfaitement.
Socrate. — Eh bien ! voyons, par Zeus, protecteur de l’amitié. Si on nous demande : en ce qui concerne le corps, le bon législateur, le bon pasteur, que donnera-t-il au corps pour fortifier la santé ? Nous saurions répondre exactement et en peu de mots : la nourriture et les exercices, celle-là pour le faire croître, ceux-ci pour l’affermir.
Le disciple. — Bien.
dSocrate. — Si donc on nous demandait ensuite : mais que donnera alors le bon législateur et le bon pasteur pour faire l’âme meilleure ? Que répondrions-nous, afin de n’avoir à rougir ni de nous-mêmes, ni de notre âge ?
Le disciple. — Pour ceci, je ne serais plus capable de le dire.
Socrate. — Mais c’est vraiment une honte pour notre âme à tous deux de constater qu’elle ignore ce qui constitue son bien et son mal, tandis qu’elle l’a découvert pour le corps et pour tout le reste.
- ↑ Sur les différentes interprétations de la légende par les historiens, interprétations favorables ou défavorables à Minos, cf. notice, p. 77 et suiv.
- ↑ Épithète fréquente chez Homère pour désigner les rois et les princes. Cf. v. g. Iliade, I, 263 ; ii, 85 ; Odyssée, IV, 532.
ce qu’on avait représenté sur la scène un événement douloureux dont ils se sentaient en partie responsables. — À côté de Phrynichos, on cite généralement Choerilos et Pratinas (M. Croiset, Hist. de la Litt. gr., III3, p. 47 et suiv.).