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SISYPHE

Sisyphe. — Comment cela ?

Socrate. — Parce que la recherche porte précisément sur ce que l’on ne sait pas, et il ne nous paraît pas possible que l’on délibère sur ce qu’on ne sait pas. N’est-ce pas là ce que nous avons dit ?

Sisyphe. — Tout à fait.

Socrate. — Par conséquent, vous autres, hier, vous avez cherché à découvrir ce qu’il y avait de mieux pour la cité, mais vous ne le saviez pas. Si vous l’aviez su, vous ne l’auriez plus cherché, pas plus que nous ne cherchons quoi que ce soit que nous savons déjà. N’est-il pas vrai ?

Sisyphe. — En effet.

Socrate. — Que faut-il faire, d’après toi, Sisyphe, quand on ne sait pas, chercher ou apprendre ?

Sisyphe. — Apprendre, par Zeus.

390Socrate. — Tu as raison. Mais pourquoi penses-tu qu’il faille apprendre plutôt que chercher ? Parce qu’on trouvera plus facilement et plus vite en apprenant de ceux qui savent qu’en cherchant soi-même lorsqu’on ignore, ou pour une autre raison ?

Sisyphe. — Pour celle-là même.

Socrate. — Mais pourquoi alors, vous autres, hier, au lieu de délibérer sur ce que vous ignoriez et de chercher ce qu’il y a de mieux à réaliser dans la cité, n’avez-vous pas appris de gens compétents bcomment vous pourriez réaliser ce qu’il y a de mieux pour la cité ? En vérité, vous me semblez avoir passé toute la journée d’hier à improviser et à vaticiner sur des questions que vous ne connaissiez pas, au lieu d’apprendre, les magistrats de la ville, et toi avec eux. Tu diras peut-être que je m’amuse avec toi, que tout cela

    il faille savoir. C’est le rôle des conseillers de posséder la science qu’ils doivent communiquer aux délibérants. Quand on cherche la lumière sur une question, on s’adresse aux gens compétents. Contrairement à l’auteur du dialogue apocryphe, Platon aurait assimilé la délibération à la recherche. On ne peut nier cependant que plusieurs expressions, intercalées dans Alcibiade I au milieu du développement, ne rappellent certaines propositions du Sisyphe : v. g. celle-ci : quand on ne sait pas, il faut chercher ou apprendre (comparer Sisyphe 389, e, 14 et Alcibiade I, 106 d, 8) ; ce que tu sais, déclare Socrate à Alcibiade, tu l’as appris d’autrui, ou tu l’as trouvé par toi-même. Le Socrate pseudo-platonicien pense que l’on trouve