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ÉRYXIAS

uns, un mal pour les autres, il reste à déterminer en quoi consiste précisément la richesse.


Troisième thèse.

Être riche, c’est posséder beaucoup de biens. Sans doute, mais que faut-il entendre par biens ? Cette notion très relative varie de peuple à peuple. Ce qui pourtant caractérise partout le bien, c’est l’idée d’utilité. Est bien, ce qui sert, ce qui est utile (399 e-400 e).

Mais, objecte Critias, certaines choses utiles ne sont pas regardées comme des richesses. Il est donc nécessaire de préciser : parmi les choses utiles, lesquelles sont des richesses (401 a) ?

L’objection disparaîtra si nous considérons le problème par un autre biais : a) Dans quel but usons-nous des richesses ? Pour satisfaire aux exigences de la vie. Supprimez ces exigences, vous supprimez l’utilité des richesses et, par le fait, leur être même (401 b-402 a) ; b) tout ce qui n’intervient pas dans l’obtention d’un résultat est inutile à ce résultat. Si donc, sans posséder ce qui passe pour richesse, on peut subvenir à l’entretien de la vie, toutes ces prétendues richesses sont, en réalité, inutiles (402 a-d).

Éryxias ne parvient pas néanmoins à se persuader que l’or, l’argent et autres objets du même genre, ne soient pas souverainement désirables.

Socrate insiste : a) il faut bien reconnaître que l’on peut se procurer le nécessaire pour la vie autrement qu’au moyen de l’or et de l’argent. On échangera, par exemple, une science, en l’enseignant, contre des objets de première nécessité. Donc les sciences sont des richesses au même titre que l’or et l’argent. Nous revenons ainsi à la proposition décriée naguère par Éryxias : les plus riches sont parfois les plus savants (402 d-403 a) ; b) de plus, les richesses sont utiles à ceux-là seuls qui savent s’en servir. Or seuls, les gens honnêtes savent quel usage il faut faire de ces biens. Donc seuls, ils sont vraiment riches (403 a-b-c).

Intervention de Critias : Non sans ironie, Critias réclame la suite du beau raisonnement, ou plus exactement la contre-épreuve. Il s’agirait de prouver que tout ce qui a quelque apparence de richesse, or, argent, ne compte pas.

Socrate relève le défi : a) Ces prétendues richesses sont,