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ÉRYXIAS

ou fort peu ». — 406 « Oui, je comprends aussi que ces gens-là sont très malheureux, et plus ils se trouvent dans cet état, plus ils sont malheureux ». — « Ne nous paraît-il pas qu’une chose ne peut être utile à un but si nous n’en éprouvons pas le besoin pour atteindre ce but ? » — « Oui ». — « Pour que les biens soient utiles en vue du corps et de ses nécessités, il faut donc en même temps que nous en éprouvions le besoin pour atteindre ce but ? » — « Il me le semble ». — « Donc, qui possède le plus de choses utiles à ce but, paraît avoir également le plus de besoins à satisfaire dans ce but, puisque nécessairement c’est de toutes les choses utiles que l’on a besoin ». — « Je crois bien qu’il en doit être ainsi ». — « Donc, d’après ce raisonnement, il paraît nécessaire que ceux qui possèdent d’abondantes richesses éprouvent aussi des besoins nombreux relativement aux soins du corps : c’est, en effet, ce qui sert à ce but qui s’est révélé richesse. Ainsi, forcément, les plus riches nous paraissent être dans l’état le plus misérable, puisqu’ils manquent de tant de biens ».