Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 3.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DU JUSTE



SOCRATE, UN ANONYME

372Peux-tu me dire ce qu’est le juste ? Ne te semble-t-il pas que la question mérite d’être discutée[1] ?

Je le crois tout à fait.

Qu’est-ce donc ?

Serait-ce autre chose que ce que la coutume consacre comme juste ?

Ne me réponds pas ainsi. Mais voyons : si tu me demandais ce qu’est l’œil, je te dirais : ce par quoi nous voyons, et si tu me priais de te le montrer, je te le montrerais ; si tu me demandais : à quoi donne-t-on le nom d’âme, je te dirais : à ce par quoi nous connaissons, et si tu me demandais encore ce qu’est la voix, je te répondrais : ce par quoi nous parlons. À ton tour, exprime-toi de cette manière : est juste ce par quoi nous faisons telle chose, comme je viens de te le demander.

Je suis embarrassé pour te répondre ainsi.

Eh bien ! puisque tu ne le peux de cette façon, peut-être par cet autre biais arriverons-nous plus facilement. Voyons, à quoi nous référons-nous pour discerner ce qui est plus grand de ce qui est plus petit ? N’est-ce pas à la mesure ?

Oui.

Et avec la mesure, à quel art ? N’est-ce pas à la métrétique ?

373Oui, à la métrétique.

Et pour distinguer ce qui est léger de ce qui est lourd ? N’est-ce pas au poids ?

  1. La façon d’engager le débat rappelle le début de Minos. On pourra comparer cette première page avec Minos 313 et 314 a, b. Cela permettra de se rendre compte des procédés mis en œuvre dans les écoles de rhéteurs.