Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 3.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364 c
138
AXIOCHOS

destin et que je puisse ainsi lui rendre ce dernier devoir de piété filiale ». — « Tu n’éprouveras jamais de ma part un refus, Clinias, quand il s’agit de choses raisonnables, et d’autant moins que tu m’appelles à un devoir sacré. Hâtons-nous donc, car s’il en est ainsi, il faut se presser ».

Clinias. — Ta seule vue, Socrate, lui rendra des forces. Il lui est déjà arrivé souvent de se relever de cet accident.

dNous allâmes donc rapidement le long des murailles, jusqu’aux portes Itoniennes, car il habitait tout près des portes, à côté de la colonne des Amazones. 365Nous trouvons Axiochos qui avait déjà repris l’usage de ses sens[1], robuste de corps, mais d’âme faible. Il avait grand besoin de réconfort, se soulevait fréquemment et poussait des gémissements en versant des larmes et en frappant des mains. Dès que je le vois : « Axiochos, lui dis-je, qu’est-ce là ? où sont ton ancienne fierté et ces perpétuels éloges de la vertu et ce courage inébranlable que tu montrais ? Ainsi qu’un lâche athlète, tu parais brave dans les exercices du gymnase et fais triste figure dans les combats. bNe veux-tu pas considérer attentivement cette loi de nature, en homme de ton âge, qui a reçu de bonnes leçons, et, s’il n’y avait pas d’autre motif, en Athénien : suivant le dicton bien connu, partout répété, la vie est un court exil, il faut la passer convenablement, puis suivre le destin, au moins résolument, sinon en chantant le péan. Mais se montrer si faible, se faire arracher de force, c’est digne d’un enfant, non d’un homme raisonnable ».

cAxiochos. — C’est vrai, Socrate, et ce que tu dis me

    temporis non raro poni solent pro uocabulis rerum, quae accidunt et eueniunt certo quodam tempore, ut apud Hebraeos… ita etiam apud Graecos et Latinos, in partem fere malam… Iam uerba ἀδυνάτως ἔχειν et αἰφνίδιος ostendunt ὥραν non significare partem diei, sed casum, maxime cum sequatur συμπτώματος ἀνασφῆλαι… Ὥρα αἰφνίδιος igitur est casus, quo quis oppressus est subito et repente : et qui oppressus casu aliquo repentino est, ita ut defectus sit omnibus uiribus, is dicitur ἔκ τινος ὥρας αἱφνίδιου ἀδυνάτως ἔχειν (cité par Bekker IX, p. 164, note).

  1. Si le texte n’est pas corrompu, l’emploi du pluriel (τὰς ἁφάς) est ici fort étrange et n’est pas usité pour traduire « le sens du toucher ». Aussi cette signification nous paraît bien douteuse, d’autant que l’idée ne serait pas introduite ici très naturellement. Peut-être faut-il donner au terme une extension plus large, et il est possible