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AXIOCHOS

lui est épargnée, mais le besoin du corps, le froid, le chaud, les coups, sont pour lui causes de douleurs ; encore impuissant à exprimer ce qu’il éprouve, il n’a d’autre voix que ses larmes pour manifester son déplaisir. A-t-il atteint l’âge de sept ans, après avoir épuisé la coupe de tant de peines, voici que surviennent les pédagogues[1], eles grammatistes[2], les pédotribes[3], pour le tyranniser ; et quand il a grandi, ce sont les grammairiens[4], les géomètres, les instructeurs militaires[5], toute une troupe de maîtres. Lorsqu’il est inscrit parmi les éphèbes, c’est le cosmète[6] et la peur des coups ; puis le Lycée, l’Académie, 367les gymnasiarques, les verges et d’innombrables misères. Toute la durée de l’adolescence s’écoule sous la dépendance des sophronistes[7] et des précepteurs que l’Aréopage choisit pour la jeunesse. Débarrassés de tout cela, aussitôt, les soucis fondent sur lui, et ce sont les délibérations sur la carrière à suivre, et les ennuis qui surviennent lui font apparaître ceux d’autrefois comme des jeux d’enfants et de vrais épouvantails de marmots : voici, en effet, les expéditions militaires, bles blessures, les combats continuels. Ensuite, subrepticement, se glisse la vieillesse où se déverse tout ce qu’il y a de décrépitude et de misère à peu près incurable dans la nature. Si on ne se hâte de rendre sa vie comme une dette, semblable à une usurière, la nature

  1. Le pédagogue était ordinairement un esclave. Chargé d’accompagner l’enfant à l’école, à la palestre ou aux cérémonies publiques et de veiller sur sa conduite, il avait le droit de le corriger, même par des châtiments corporels. Cf. O. Navarre, art. Paedagogus, in Dictionnaire des Antiquités… IV, 1, p. 272.
  2. Le grammatiste était le maître de lecture et d’écriture.
  3. Le pédotribe était chargé de l’éducation physique des éphèbes (Voir la notice, p. 126).
  4. Le rôle du κριτικός était peut-être de faire l’exégèse des textes. Il semble avoir été une sorte de professeur de littérature (Cf. Gudeman, art. κριτικός in Pauly-Wissowa, 112, 1912).
  5. D’après Couvreur (art. cit., p. 77), il s’agit, sans doute, des hoplomaques, c’est-à-dire des maîtres qui enseignaient aux éphèbes les mouvements et les coups pratiqués dans les combats d’hoplites (cf. Platon, Lois, VII, 814 e).
  6. Le cosmète était le chef des éphèbes. Il était choisi par le peuple (Cf. Aristote, Constitut. d’Athènes, 42).
  7. Magistrats à qui était confiée la surveillance des éphèbes. Sur