DE LA VERTU
376La vertu peut-elle s’enseigner, oui ou non ? Et dans ce dernier cas, les hommes de bien sont-ils tels par nature ou de quelque autre manière ?
bJe ne sais pour le moment que répondre, Socrate.
Eh bien ! examinons ainsi la question. Voyons, si quelqu’un voulait acquérir cette vertu[1] qui fait les habiles cuisiniers, comment l’acquerrait-il ?
Il est évident que ce serait en se mettant à l’école des bons cuisiniers.
Et encore, s’il voulait devenir un bon médecin, à qui s’adresserait-il pour devenir bon médecin ?
Évidemment à quelque bon médecin.
Et s’il voulait acquérir cette vertu qui fait les habiles ccharpentiers ?
Aux charpentiers.
Et s’il voulait acquérir cette vertu qui fait les gens honnêtes et sages, où devrait-il aller pour l’apprendre ?
Cette vertu, si toutefois elle peut s’apprendre, je suppose qu’on la trouvera auprès des gens de bien, car où serait-elle ailleurs ?
Voyons donc quels ont été chez nous les gens de bien,
- ↑ τὴν ἀρετὴν… ἢν ἀγαθοί εἰσιν. La conjecture de Fischer (ἢν au lieu de ᾗ donné par les manuscrits) nous paraît devoir être retenue, car elle s’accorde mieux avec le style de l’auteur et avec celui de Platon, dans le dialogue qui a servi de modèle. Cf. 376 c 1 : ἥνπερ οἱ σοφοὶ τέκτονες ; c 4 : ἥνπερ οἱ ἄνδρες οἱ ἀγαθοί ; 377 c 9 : ἣν δὲ αὐτὸς σοφίαν ἦν σοφός… et Ménon 93 b, d…