Page:Platon - Œuvres complètes, Tome 2, trad Dacier et Grou, 1869.djvu/273

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n’est pas trop aisée, car Ménexène est un homme terrible, un vrai élève de Ctésippe. Et Ctésippe lui-même, ne le vois-tu pas qui est là près de toi ? Ne t’inquiète de rien, Socrate, et raisonne avec Ménexène, je t’en prie. — Raisonnons, je le veux bien. »

Comme nous devisions ainsi entre nous : « Pourquoi, s’écria Ctésippe, causez-vous tout bas tous les deux, et ne nous mettez-vous pas de la conversation ? — On va vous en faire part, au contraire ; car il y a une chose que Lysis ne comprend pas, et sur laquelle il veut que j’interroge Ménexène, qui l’entendra mieux, à ce qu’il dit. — Pourquoi ne pas l’interroger ? — C’est ce que je vais faire. « Ménexène, dis-je alors, réponds, je te prie, à la question que je vais te faire. Il y a une chose que je désire depuis mon enfance, comme tout homme a son désir à lui : l’un veut avoir des chevaux, un autre des chiens, un autre de l’or, un autre encore des honneurs. Pour moi, je suis indifférent à tout cela, mais je ne sais rien de plus désirable au monde que d’avoir des amis ; et j’aimerais mieux posséder un bon ami que la meilleure caille, le meilleur coq[1] ou même encore, par Jupiter, que le plus beau cheval et le plus beau chien du monde ; oui, par le Chien, je préférerais un ami à tout l’or de Darius, et à Darius lui-même, tant l’amitié me semble un bien digne d’envie ! Et une chose me frappe, c’est qu’étant si jeunes tous les deux, Lysis et toi, vous ayez le bon-

  1. Les combats de cailles et de coqs étaient un spectacle très-aimé des Athéniens.