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Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/190

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SOCRATE LE JEUNE

Comment cela ?

L’ÉTRANGER

On doit croire que ce changement est de toutes les révolutions célestes [13] la plus grande et la plus complète.

SOCRATE LE JEUNE

C’est en tout cas vraisemblable.

L’ÉTRANGER

Il faut donc penser que c’est alors aussi que se produisent les changements les plus considérables pour nous qui habitons au sein de ce monde.

SOCRATE LE JEUNE

Cela aussi est vraisemblable.

L’ÉTRANGER

Mais ne savons-nous pas que la nature des animaux supporte difficilement le concours de changements considérables, nombreux et divers ?

SOCRATE LE JEUNE

Comment ne le saurions-nous pas ?

L’ÉTRANGER

Alors il s’ensuit forcément une grande mortalité parmi les animaux et, dans la race humaine elle-même, il ne reste qu’un petit nombre de vivants, et ceux-ci éprouvent un grand nombre d’accidents étranges et nouveaux, dont le plus grave est celui-ci, qui résulte du mouvement rétrograde de l’univers, lorsqu’il vient à tourner dans une direction contraire à la direction actuelle.

SOCRATE LE JEUNE

Quel est cet accident ?

L’ÉTRANGER

Tout d’abord l’âge de tous les animaux, quel qu’il fût alors, s’arrêta court, et tout ce qui était mortel cessa de s’acheminer vers la vieillesse et d’en avoir l’aspect et, changeant en sens contraire, devint pour ainsi dire plus jeune et plus délicat. Aux vieillards, les cheveux blancs noircissaient ; les joues de ceux qui avaient de la barbe, redevenues lisses, les ramenaient à leur jeunesse passée, et les corps des jeunes gens, devenant de jour en jour et de nuit en nuit plus lisses et plus menus, revenaient à l’état de l’enfant nouveau-né, et leur âme aussi bien que leur corps s’y conformait ; puis, se flétrissant de plus en plus,