Aucun de ces deux genres de vie, Socrate, ne me paraît désirable, à moi, et je ne crois pas qu’ils paraissent jamais tels à personne.
Mais si on les réunissait ensemble, Protarque, et qu’on mélangeât les deux pour n’en faire qu’un ?
Tu parles de l’union du plaisir avec l’intelligence et la sagesse ?
Oui, c’est de l’union de ces éléments que je parle.
Tout le monde choisira certainement ce genre de vie plutôt que l’un quelconque des deux autres ; personne ne choisira autrement.
Concevons-nous ce qui résulte de ce que nous venons de dire ?
Certainement. C’est que, sur les trois genres de vie qui nous ont été proposés, il y en a deux qui ne sont ni suffisants, ni désirables pour aucun homme ni pour aucun être vivant.
Eh bien, n’est-il pas clair dès à présent qu’ils ne contenaient le bien ni l’un ni l’autre ; autrement, ils seraient suffisants, parfaits et désirables pour toutes les plantes et tous les animaux capables de vivre ainsi toute leur vie. Et si quelqu’un de nous choisissait une autre condition, son choix serait contraire à la nature de ce qui est véritablement désirable et un effet involontaire de l’ignorance ou de quelque fâcheuse nécessité.
Il semble, en effet, qu’il en est ainsi.
Ainsi donc la déesse de Philèbe ne doit pas être confondue avec le bien : je crois l’avoir suffisamment démontré.
Ton intelligence non plus, Socrate, n’est pas le bien ; car elle est sujette aux mêmes reproches.