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Faisons donc ce mélange, Protarque, en invoquant les dieux, soit Dionysos, soit Héphaïstos, ou tout autre dieu qui préside au mélange.
Oui, faisons-le.
Nous sommes des espèces d’échansons qui avons deux fontaines à notre disposition, celle du plaisir qu’on peut assimiler à une fontaine de miel, et celle de la sagesse, sobre et sans vin, qui donne une eau austère et salutaire ; ce sont ces deux fontaines dont il faut mêler les eaux du mieux que nous pourrons.
Sans doute.
Voyons d’abord : est-ce en mêlant toute espèce de plaisir à toute espèce de sagesse que nous avons le plus de chance de faire un bon mélange ?
Peut-être.
Mais cela n’est pas sûr, et je crois pouvoir te donner une idée pour faire ce mélange avec moins de risque.
Laquelle ? parle.
N’avons-nous pas vu des plaisirs qui sont, pensons-nous, plus véritables que d’autres et des arts qui sont plus exacts que d’autres ?
Sans doute.
Et qu’il y avait deux sciences différentes, l’une tournée vers les choses qui naissent et qui périssent, et l’autre vers celles qui ne naissent ni ne périssent, mais qui restent toujours et immuablement dans le même état ? En les considérant sous le rapport de la vérité, nous avons jugé que cette dernière était plus vraie que l’autre.
Et avec raison indubitablement.