Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/368

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des et laisse toutes les sciences entrer à flots, et les impures se mêler avec les pures ?

PROTARQUE

Je ne vois pas, Socrate, quel mal il y aurait à prendre toutes les autres sciences, si l’on possédait les premières.

SOCRATE

Faut-il donc les laisser toutes ensemble couler dans le sein de la poétique vallée d’Homère où se mélangent les eaux ?

PROTARQUE

Certainement.

SOCRATE

XXXIX. — Les voilà lâchées. Et maintenant il faut aller à la source des plaisirs ; car il ne nous a pas été possible de faire notre mélange, comme nous l’avions projeté, en commençant par les parties vraies ; mais à cause de la haute estime où nous tenons toutes les sciences, nous leur avons ouvert le même accès à toutes à la fois et avant les plaisirs.

PROTARQUE

C’est parfaitement exact.

SOCRATE

En conséquence, il est temps de nous consulter aussi au sujet des plaisirs et de décider s’il faut aussi les lâcher tous en masse, ou ne laisser entrer d’abord que ceux qui sont vrais.

PROTARQUE

Il est très important pour notre sécurité de lâcher les vrais les premiers.

SOCRATE

Eh bien, lâchons-les. Mais après ? Ne faut-il pas, s’il y en a de nécessaires, comme certaines espèces de sciences, les mêler aussi avec les vrais ?

PROTARQUE

Pourquoi pas ? les nécessaires, cela va de soi.

SOCRATE

Mais si, comme nous avons dit qu’il était sans danger et utile de connaître tous les arts tant qu’on est en vie, nous tenons le même langage à propos des plaisirs, je veux dire s’il est sans danger et avantageux