Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/370

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nt complètement les enfants qui naissent de nous par la négligence et l’oubli qu’ils engendrent ? Mais pour les plaisirs vrais et purs dont tu as parlé, tiens qu’ils sont presque de notre famille ; joins-y ceux qui vont avec la santé et la tempérance et aussi tous ceux qui forment le cortège de la vertu en général comme celui d’une déesse, et marchent partout à sa suite : ceux-là, fais-les entrer dans le mélange. Quant à ceux qui sont les compagnons inséparables de la folie et du vice, il faudrait être dénué de bon sens pour les associer à l’intelligence, quand, après avoir découvert le mélange ou le composé le plus beau et le moins sujet aux séditions, on veut essayer d’y trouver ce que peut être le bien naturel dans l’homme et dans l’univers et deviner quelle idée il faut se faire de son essence.» N’avouerons-nous pas qu’en parlant comme elle vient de le faire, l’intelligence a répondu sagement et d’une manière digne d’elle, pour elle-même, pour la mémoire et pour l’opinion droite ?

PROTARQUE

Assurément si.

SOCRATE

Mais voici encore un point indispensable, sans lequel pas une seule chose ne serait jamais arrivée à l’existence.

PROTARQUE

Qu’est-ce ?

SOCRATE

Aucune chose où nous ne mêlerons pas la vérité n’existera jamais et n’a jamais existé véritablement.

PROTARQUE

Comment le pourrait-elle ?

SOCRATE

XL. — En aucune manière. Mais s’il manque encore quelque chose à notre mélange, dites-le, toi et Philèbe. Pour moi, il me semble que notre argumentation est achevée et qu’on peut la regarder comme une sorte d’ordre incorporel, propre à bien gouverner un corps animé.

PROTARQUE

Tu peux dire, Socrate, que c’est aussi mon avis, à moi.

SOCRATE

Et si nous disions que nous sommes à présent parvenus au vestibule du bien et à la demeure où il habite, peut-être en un sens parlerions-nous justement.

PROTARQUE

En tout cas, il me le semble, à moi.

SOCRATE