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Dès lors, si nous ne pouvons saisir le bien à l’aide d’une seule idée, appréhendons-le avec trois, celles de la beauté, de la proportion et de la vérité, et disons que ces trois choses, comme si elles n’en faisaient qu’une, peuvent à juste titre être regardées comme les créatrices du mélange et que c’est parce qu’elles sont bonnes que le mélange est bon.
C’est très juste.
XLI. — Maintenant, Protarque, nous pouvons croire que le premier venu est en état de juger du plaisir et de la sagesse et de décider lequel des deux est le plus proche parent du souverain bien et le plus honoré chez les hommes et chez les dieux.
La chose parle d’elle-même. Malgré cela, il vaudrait mieux pousser la discussion jusqu’à la fin.
Jugeons donc successivement chacune de ces trois choses par rapport au plaisir et à l’intelligence. Car il faut voir auquel des deux nous attribuerons chacune d’elles, selon son degré de parenté avec eux.
Tu parles de la beauté, de la vérité et de la mesure ?
Oui. Mais prends d’abord la vérité, Protarque, prends-la et jette les yeux sur ces trois choses, l’intelligence, la vérité et le plaisir, et, après y avoir longuement réfléchi, réponds-toi à toi-même lequel des deux, le plaisir ou l’intelligence, est le plus proche parent de la vérité.
A quoi bon perdre du temps à cela ? Il y a entre les deux, je pense, une grande différence. En effet, le plaisir est la chose du monde la plus menteuse, et l’on dit communément que, dans les plaisirs de l’amour, qui passent pour être les plus grands, le parjure même trouve grâce auprès des dieux, les plaisirs étant, comme les enfants, dénués de toute intelligence. L’intelligence, au contraire, est, ou bien la même chose que la vérité, ou la chose qui lui ressemble le plus et qui est la plus vraie.