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Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/417

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intérieur. Il désigna le mouvement du cercle extérieur pour être le mouvement de la nature du Même, et celui du cercle intérieur le mouvement de la nature de l’Autre. Il fit tourner le mouvement du Même suivant le côté vers la droite et celui de l’Autre suivant la diagonale vers la gauche, et il donna la prééminence à la révolution du Même et du Semblable ; car, seule, il la laissa sans la diviser. Au contraire, il divisa la révolution intérieure en six endroits et en fit sept cercles inégaux, correspondant à chaque intervalle du double et du triple, de façon qu’il y en eût trois de chaque sorte. Il ordonna à ces cercles d’aller en sens contraire les uns des autres, trois avec la même vitesse, les quatre autres avec des vitesses différentes tant entre eux qu’avec les trois premiers, mais suivant une proportion réglée.

Lorsque la composition de l’âme fut achevée au gré de son auteur, il disposa au-dedans d’elle tout ce qui est corporel et il les ajusta ensemble en les liant centre à centre. Alors l’âme, tissée à travers tout le ciel, du centre à l’extrémité, l’enveloppant en cercle du dehors et tournant sur elle-même, inaugura le divin début d’une vie perpétuelle et sage pour toute la suite des temps. Ainsi naquirent d’une part le corps visible du ciel, et de l’autre, l’âme invisible, mais participant à la raison et à l’harmonie, la meilleure des choses engendrées par le meilleur des êtres intelligibles et qui sont éternellement.

Or, parce que l’âme est de la nature du Même, de l’Autre et de l’essence intermédiaire, qu’elle est un mélange de ces trois principes, qu’elle a été divisée et unifiée en due proportion, qu’en outre elle tourne sur elle-même, toutes les fois qu’elle entre en contact avec un objet qui a une substance divisible ou avec un objet dont la substance est indivisible, elle déclare par le mouvement de tout son être à quoi cet objet est identique et de quoi il diffère, et par rapport à quoi précisément, dans quel sens, comment et quand il arrive aux choses qui deviennent d’être et de pâtir chacune par rapport à chacune, et par rapport aux choses qui sont toujours immuables. Or quand un discours, lequel est également vrai, soit qu’il se rapporte à l’Autre ou au Même, emporté sans voix ni son dans ce qui se meut par soi-même, se rapporte à ce qui est sensible et que le cercle de l’Autre va d’une marche droite le transmettre dans toute son âme, il se forme des opinions et des croyances solides et vraies. Quand, au contraire, le discours se rapporte à ce qui est rationnel, et que le cercle du Même, tournant régulièrement, le lui révèle, il y a nécessairement intelligence et science. Et ce en quoi ces deux sortes de connaissance se l’âme, si quelqu’un prétend que c’est autre chose que l’âme, il ne saurait être plus loin de la vérité.

Quand le père qui l’avait engendré s’aperçut que le monde qu’il avait formé à l’image des dieux éternels se