Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/443

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dans le cas contraire, nous employons le nom de pesant et de bas. En conséquence, les positions des choses diffèrent entre elles, parce que les masses principales des espèces occupent des régions opposées l’une à l’autre. Si en effet l’on compare ce qui est léger ou pesant, ou haut ou bas dans une région avec ce qui est léger ou pesant, ou haut ou bas dans la région opposée, on trouvera que tous ces objets prennent ou ont une direction opposée, ou oblique, ou entièrement différente les uns par rapport aux autres. La seule chose qu’il faut retenir de tout cela, c’est que c’est la tendance de chaque chose vers l’espèce dont elle est parente qui rend lourd un objet en mouvement, et bas, le lieu vers lequel il se porte, tandis que les conditions opposées produisent les résultats contraires. Telles sont les causes que nous assignons à ces phénomènes.

Pour les impressions de lisse et de rugueux, chacun, je pense, est à même d’en apercevoir la cause et de l’expliquer à autrui. C’est la dureté unie à l’inégalité des parties qui produit l’un, et l’égalité des parties unie à la densité qui produit l’autre.

En ce qui concerne les impressions communes à tout le corps, il nous reste à voir, et c’est le point le plus important, la cause des plaisirs et des douleurs attachés aux affections des sens que nous avons passées en revue, et toutes les impressions qui, traversant les parties du corps, arrivent jusqu’à la sensation, portant en elles à la fois des peines et des plaisirs inhérents à cette sensation. Mais pour saisir les causes de toute impression, sensible ou non, il faut commencer par nous rappeler la distinction que nous avons faite précédemment entre la nature facile à mouvoir et celle qui se meut difficilement ; car c’est par cette voie qu’il faut poursuivre tout ce que nous voulons saisir. Lorsqu’un organe naturellement facile à mouvoir vient à recevoir une impression, même légère, il la transmet tout autour de lui, chaque partie la passant identiquement à l’autre, jusqu’à ce qu’elle arrive à la conscience et lui annonce la qualité de l’agent. Mais si l’organe est de nature contraire, s’il est stable et ne produit aucune transmission circulaire, il subit simplement l’impression, sans mettre aucune partie voisine en mouvement. Il en résulte que, les parties ne se transmettant pas les unes aux autres impression première, qui reste en elles sans passer dans l’animal entier, le sujet n’en a pas la sensation. C’est ce qui arrive pour les os, les cheveux et toutes les autres parties qui sont principalement composées de terre, tandis que les phénomènes dont nous avons parlé d’abord ont lieu surtout pour la vue et l’ouïe, parce que le feu et l’air ont ici une importance capitale. Quant au plaisir et à la douleur, voici l’idée qu’il en faut prendre : toute impression contre nature et violente qui se produit tout d’un coup est douloureuse, tandis que le retour subit à l’état normal est