Aller au contenu

Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/452

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tion, et en fit la moelle, préparant ainsi la semence universelle de toute espèce mortelle. Puis il y implanta et y attacha les diverses espèces d’âmes, et au moment même de cette répartition originelle, il divisa la moelle elle-même en autant de sortes de figures que chaque espèce devait en recevoir. Une partie devait, comme un champ fertile, recevoir en elle la semence divine ; il la fit exactement ronde et il donna à cette partie de la moelle le nom d’encéphale, dans la pensée que, lorsque chaque animal serait achevé, le vase qui la contiendrait serait la tête. L’autre partie, qui devait contenir l’élément mortel de l’âme, il la divisa en figures à la fois rondes et allongées et il les désigna toutes sous le nom de moelle. Il y attacha, comme à des ancres, les liens de l’âme entière, puis construisit l’ensemble de notre corps autour de la moelle, qu’il avait au préalable enveloppée tout entière d’un tégument osseux.

Il composa les os de cette façon : ayant passé au crible de la terre pure et lisse, il la délaya et la mouilla avec de la moelle, puis la mit au feu, ensuite la plongea dans l’eau, et derechef la remit au feu, puis dans l’eau, et, la faisant passer ainsi à plusieurs reprises dans l’un et l’autre élément, la rendit insoluble à tous les deux. Alors il s’en servit pour façonner autour du cerveau de l’animal une sphère osseuse, dans laquelle il laissa une étroite ouverture. Puis, autour de la moelle du cou et du dos, il façonna des vertèbres, qu’il fixa pour la soutenir, comme des pivots, à partir de la tête jusqu’à l’extrémité du tronc. Ainsi, pour protéger toute la semence, il l’enferma dans une enveloppe pierreuse, à laquelle il mit des articulations, utilisant en cela la nature de l’Autre, comme une puissance insérée entre elles, pour permettre les mouvements et les flexions. Considérant d’autre part que la contexture de la substance osseuse était plus sèche et plus raide qu’il ne convenait et aussi que, si elle devenait très chaude ou au contraire se refroidissait, elle se carierait et corromprait vite la semence qu’elle contient, pour ces raisons, il imagina l’espèce des nerfs et de la chair, de manière qu’en liant tous les membres ensemble avec les nerfs qui se tendent et se relâchent autour de leurs pivots, il rendît le corps flexible et extensible, tandis que la chair devait être un rempart contre la chaleur et une protection contre le froid, et aussi contre les chutes, parce qu’elle cède au choc des corps mollement et doucement, à la façon d’un vêtement rembourré de feutre. De plus, comme elle contient en elle une humeur chaude, elle devait en été, en transpirant et se répandant au-dehors, procurer à tout le corps une fraîcheur naturelle, et, au rebours, pendant l’hiver, le défendre suffisamment, grâce à son feu, contre le froid qui l’assaille du dehors et l’enveloppe.

C’est dans cette intention que celui qui nous modela, ayant fait un harmonieux mélange d’eau, de feu et de terre,