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Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/458

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cercle celui qui est près de l’autre issue. C’est de la sorte que l’air, recevant constamment et imprimant tour à tour les mêmes mouvements et ballotté ainsi en cercle de part et d’autre par l’effet des deux impulsions, donne naissance à l’inspiration et à l’expiration.

C’est encore suivant le même principe qu’il faut étudier les effets des ventouses médicinales, la déglutition, la trajectoire des projectiles, soit lancés en l’air, soit courant à la surface du sol, et aussi tous les sons rapides ou lents, aigus ou graves, tantôt dissonants, parce que les mouvements qu’ils produisent en nous sont dissemblables, et tantôt consonants, parce que ces mouvements sont semblables. Car les sons plus lents atteignent les mouvements des sons plus rapides qui les précèdent, quand ceux-ci commencent à s’arrêter et sont tombés à une vitesse pareille à celle avec laquelle les sons les plus lents se rencontrent ensuite avec eux et leur impriment leur mouvement ; mais quand ils les rattrapent, ils ne les troublent pas en leur imposant un mouvement différent ils y ajoutent le commencement d’un mouvement plus lent, en accord avec celui qui était le plus rapide, mais qui tire à sa fin, et du mélange de l’aigu et du grave, ils produisent un effet unique et procurent ainsi du plaisir aux ignorants et de la joie aux sages, qui voient dans des mouvements mortels l’imitation de l’harmonie divine.

On expliquera de même le cours des eaux, la chute de la foudre et la merveilleuse attraction que possèdent l’ambre et la pierre d’Héraclée. Il n’y eut jamais de vertu attractive dans aucun de ces corps, mais le fait qu’il n’y a pas de vide, que ces corps se choquent en cercle les uns les autres, qu’en se divisant ou se contractant ils échangent tous leurs places pour regagner chacun celle qui lui est propre : c’est à ces actions combinées entre elles que sont dus ces phénomènes étonnants, comme on s’en convaincra en les étudiant suivant la bonne méthode.

Et maintenant, pour en revenir à .a respiration, point de départ de ce discours, c’est de cette façon et par ces moyens qu’elle s’est formée, ainsi qu’il a été dit précédemment. Le feu divise les aliments,-il s’élève au-dedans de nous du même mouvement que le souffle et, en s’élevant avec lui, il remplit les veines en y versant les parcelles divisées qu’il puise dans le ventre, et c’est ainsi que des courants de nourriture se répandent dans le corps entier de tous les animaux. Or ces particules qui viennent d’être divisées et retranchées de substances de même nature, les unes de fruits, les autres d’herbe, que Dieu a fait pousser tout exprès pour nous servir de nourriture, présentent toutes les variétés de couleur par suite de leur mélange ; mais c’est la couleur rouge qui y domine et qui est l’oeuvre du feu qui divise l’eau et la marque de son empreinte. Voilà pourquoi la couleur de ce qui coule dans