Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/460

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en excès ou en défaut, ou qu’ils passent de la place qui leur est propre dans une place étrangère, ou encore, parce que le feu et les autres éléments ont plus d’une variété, lorsque l’un d’eux reçoit en lui la variété qui ne lui convient pas, ou qu’il arrive quelque autre accident de cette espèce, c’est alors que se produisent les désordres et les maladies. Lorsqu’en effet un genre change de nature et de position, les parties qui auparavant étaient froides deviennent chaudes, celles qui étaient sèches deviennent humides par la suite, celles qui étaient légères ou pesantes deviennent le contraire, et elles subissent tous les changements dans tous les sens. En fait nous affirmons que c’est seulement lorsque la même chose s’ajoute à la même chose ou s’en sépare dans le même sens, de la même manière et en due proportion, qu’elle peut, restant identique à elle-même, demeurer saine et bien portante. Ce qui manque à une de ces règles, soit en se retirant d’un élément, soit en s’y ajoutant, produira toutes sortes d’altérations, des maladies et des destructions sans nombre.

Mais comme il y a aussi des compositions secondaires formées par la nature, il y a une seconde classe de maladies à considérer par ceux qui veulent se rendre maîtres de la question. Puisqu’en fait la moelle, les os, la chair et les nerfs sont composés des éléments nommés plus haut et que le sang aussi est formé des mêmes éléments, quoique d’une autre manière, la majeure partie des maladies arrivent comme il a été dit précédemment, mais les plus graves qui puissent nous affliger nous viennent de la cause que voici : c’est que ces compositions se corrompent, quand elles se forment à rebours de l’ordre naturel. En effet, dans l’ordre naturel, les chairs et les nerfs naissent du sang, les nerfs des fibres auxquelles ils ressemblent, et les chairs du résidu qui se coagule en se séparant des fibres. Des nerfs et de la chair naît à son tour cette matière visqueuse et grasse qui sert à la fois à coller la chair à la structure des os et à nourrir et faire croître l’os qui enclôt la moelle, tandis que l’espèce la plus pure, la plus lisse et la plus brillante des triangles, filtrant à travers l’épaisseur des os, s’en écoule et en dégoutte pour arroser la moelle. Quand tout se passe ainsi, il en résulte le plus souvent la santé ; la maladie, dans le cas contraire. En effet, quand la chair se vicie et renvoie sa putréfaction dans les veines, elles se remplissent alors, en même temps que d’air, d’un sang abondant, de composition variée, dont les couleurs et l’amertume sont très diverses, ainsi que les qualités acides et salées, et qui charrie de la bile, des sérosités et des phlegmes de toute sorte. Car toutes ces sécrétions qui se font à rebours de la règle et sont le produit de la corruption commencent d’abord par empoisonner le sang lui-même, et sans fournir désormais aucune nourriture au corps, se répandent partout à travers les