Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/462

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devient, en se desséchant, par suite d’un mauvais régime, raboteux et salin, alors toute la substance qui subit ces altérations s’émiette et revient sous les chairs et les nerfs, en se séparant des os ; et les chairs, se détachant de leurs racines, laissent les nerfs à nu et pleins de saumure, tandis qu’elles-mêmes, retombant dans le cours du sang, aggravent les maladies mentionnées précédemment. Mais, si graves que soient ces affections du corps, plus graves encore sont celles qui les précèdent, quand la densité de la chair ne permet pas à l’os de respirer suffisamment, que la moisissure l’échauffe et le carie, qu’au lieu d’absorber sa nourriture, il va s’effriter au contraire lui-même dans le suc nourricier, que ce suc va dans les chairs, et que la chair tombant dans le sang rend toutes les maladies plus graves que celles dont nous avons parlé plus haut. Mais la pire de toutes, c’est quand la substance de la moelle souffre d’un manque ou d’un excès d’aliments. C’est la cause des maladies les plus terribles et les plus capables d’amener la mort ; car alors toute la substance du corps s’écoule à rebours.

Il existe encore une troisième espèce de maladies, qu’il faut concevoir comme provenant de trois causes, à savoir de l’air, de la pituite et de la bile. Lorsque le poumon, qui est chargé de dispenser l’air au corps, est obstrué par des mucosités et n’a pas ses passages libres, et qu’alors l’air ne va pas dans certaines parties et pénètre dans d’autres en plus grande quantité qu’il ne faut, d’un côté, il fait pourrir celles qui n’ont pas de ventilation, de l’autre, il pénètre par force dans les veines, les distord, dissout le corps et se trouve intercepté dans le milieu du corps où est le diaphragme. Ainsi naissent fréquemment des milliers de maladies douloureuses accompagnées de sueurs abondantes. Souvent aussi, quand la chair s’est désagrégée dans le corps, il s’y introduit de l’air qui, n’en pouvant sortir, occasionne les mêmes douleurs que l’air qui entre du dehors. Ces douleurs sont particulièrement grandes, quand l’air, entourant les nerfs et les petites veines qui sont là, se gonfle et imprime aux muscles extenseurs et aux tendons qui y adhèrent une tension en arrière. C’est de la tension ainsi produite que les maladies qui en résultent ont reçu le nom de tétanos et d’opisthotonos. Elles sont difficiles à guérir ; en fait, elles se terminent le plus souvent par un accès de fièvre.

La pituite blanche est dangereuse, si l’air de ses bulles est intercepté. Si elle trouve un exutoire à la surface du corps, elle est relativement bénigne, mais elle tachette le corps en produisant des dartres blanches, des dartres farineuses et d’autres accidents similaires. Mêlée à la bile noire et répandue sur les circuits les plus divins, ceux de la tête, elle en trouble le cours, plus bénigne, si ce désordre a lieu pendant le sommeil, plus difficile