Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/480

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CRITIAS OÙ L’ATLANTIDE


PERSONNAGES DU DIALOGUE
TIMÉE, CRITIAS, SOCRATE, HERMOCRATE, TIMÉE
TIMÉE

Que je suis content, Socrate, de me reposer comme après un long voyage, maintenant que j’ai fini d’une manière satisfaisante la traversée de mon sujet ! A présent, je prie le dieu auquel nos discours viennent de donner la naissance, bien qu’il existe depuis longtemps [1] , qu’il nous fasse la grâce de conserver parmi nos propos tous ceux qui sont vrais, et, si nous avons sans le vouloir émis quelque fausse note, de nous infliger la punition qui convient. Or la juste punition, c’est de remettre dans le ton celui qui en est sorti. Afin donc qu’à l’avenir nos discours sur la génération des dieux soient exacts, nous prions le dieu de nous accorder le plus parfait et le meilleur des correctifs, la science. Cette prière faite, je remets à Critias, comme il a été convenu, la suite du discours.

CRITIAS

Bien, Timée ; je l’accepte, mais j’en userai comme tu l’as fait toi-même en commençant : tu as demandé l’indulgence sous prétexte que tu allais traiter un grand sujet. Moi aussi, je sollicite l’indulgence, et je prétends même y avoir plus de droit que Timée, vu les questions que j’ai à traiter. J’ai bien conscience que je vais vous faire une demande fort présomptueuse et assez indiscrète ; il faut pourtant que je la fasse. Que ce que tu as dit n’ait pas été bien dit, quel homme de sens oserait le soutenir ? Mais que ce que j’ai à dire ait besoin d’une plus grande indulgence, en raison d’une plus grande difficulté, c’est ce qu’il faut essayer de montrer comme je pourrai. Et en effet, Timée, quand on parle des dieux à des hommes, il est plus facile de les satisfaire que quand on nous parle, à nous, des mortels. Car l’inexpérience et la complète ignorance des