Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA JOUEUSE DE LYRE. Depuis qu’elle est affranchie, je n’en sais rien.

PÉRIPHANE. Euh ! que dis-tu ? Je veux que tu me nommes, si tu le connais, celui qui l’a affranchie.

LA JOUEUSE DE LYRE. Je vous répéterai ce que j’ai entendu. On m’a dit que Stratippoclès, fils de Périphane, avait acheté sa liberté, quoiqu’il fût absent.

PÉRIPHANE. Par Hercule, si cela est vrai, je suis un homme mort. Épidique a éventré ma bourse.

LA JOUEUSE DE LYRE. Voilà ce que j’ai entendu dire. Avez-vous encore besoin de moi ?

PÉRIPHANE. Déguerpis au plus vite, et que la peste te crève.

LA JOUEUSE DE LYRE. Vous ne me rendez pas ma lyre ?

PÉRIPHANE. Ni lyre ni flûte. Et décampe lestement, si tu tiens à ta peau.

LA JOUEUSE DE LYRE. On s’en va. Mais il y aura du vacarme, et il faudra bien que vous me la rendiez. (Elle sort.)

PÉRIPHANE, seul. Eh bien ! moi dont le nom figure en tête de tant de décrets, laisserai-je le drôle impuni ? Non ; dût-il m’en coûter le double, je m’y résignerai plutôt que de me laisser ainsi jouer et escroquer par eux sans vengeance. Qu’on se soit ainsi moqué de moi à ma barbe ! Qu’on m’ait ravalé au-dessous de ce benêt qui passe pour un savant jurisconsulte, un grand législateur ! Et il se donne pour un habile homme ! C’est la cognée qui veut en remontrer au manche.


________________________________


ACTE IV.


SCÈNE I. — PHILIPPA, PÉRIPHANE.

PHILIPPA, sans apercevoir Périphane. S’il est dans la vie des chagrins qui brisent un cœur, ce sont ceux que j’éprouve en ce moment. Tous les genres d’affliction se réunissent pour fondre ensemble sur moi ; mille soucis me dévorent ; la pauvreté, l’angoisse, me remplissent l’âme d’épouvanté ; et je n’ai pas de refuge où abriter mon esprit. Les ennemis m’ont enlevé ma fille ; où est-elle à présent ? je l’ignore.

PÉRIPHANE, à part. Quelle est cette pauvre étrangère qui semble si affligée et se plaint de la sorte ?

PHILIPPA. On m’a dit que Périphane demeurait ici.