Page:Plaute - Comédies, traduction Sommer, 1876, tome 1.djvu/380

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PHILIPPA. Je me rappelle.

PÉRIPHANE. Qu’à Épidaure…

PHILIPPA. Ah ! vous faites couler le baume dans mes veines.

PÉRIPHANE. Quand vous étiez jeune fille, je vous ai secourues. votre mère et vous, dans votre pauvreté ?

PHILIPPA. Ainsi c’est vous qui, pour satisfaire un caprice, avez jeté dans mon sein le germe de tant de souffrances ?

PÉRIPHANE. Oui, c’est moi : salut.

PHILIPPA. Oh ! je suis sauvée, puisque vous vous portez bien.

PÉRIPHANE. Votre main !

PHILIPPA. La voici ; c’est la main d’une femme éprouvée par bien des douleurs.

PÉRIPHANE. Pourquoi cet air si troublé ?

PHILIPPA. La fille que j’ai eue de vous…

PÉRIPHANE. Eh bien ?

PHILIPPA. Je l’ai élevée, puis perdue. Les ennemis me l’ont ravie.

PÉRIPHANE. Calmez-vous, demeurez en paix ; elle est chez moi saine et sauve. Dès que mon esclave m’eut dit qu’elle était captive, j’ai donné l’argent nécessaire pour la racheter ; et il a mis à cette affaire autant de soin et d’honnêteté qu’il montre de fourberie et de malice en toute autre occasion.

PHILIPPA. Faites-la-moi voir, je vous en prie.

PÉRIPHANE. Holà, Canthara, dis à ma fille Thélestis de venir ici voir sa mère.

PHILIPPA. Ah ! je renais enfin.


SCÈNE II. - ACROPOLISTIS, PÉRIPHANE, PHILIPPA.

ACROPOLISTIS. Vous me demandez, mon père ?

PÉRIPHANE. Oui, mon enfant, c’est pour voir ta mère et lui apporter ton salut et ton baiser.

ACROPOLISTIS. Où cela, ma mère ?

PÉRIPHANE. Ta mère, qui te cherche et qui meurt d’envie de te voir.

PHILIPPA. Qui est cette fille à qui vous dites de m’embrasser ?

PÉRIPHANE. C’est votre enfant.

PHILIPPA. Cela ?

PÉRIPHANE. Oui.

PHILIPPA. Que je l’embrasse ?

PÉRIPHANE. Pourquoi pas, puisqu’elle est née de vous ?

PHILIPPA. Vous êtes fou, mon brave homme.