GRIPUS. Ah ! par Hercule, c’est fait de moi ! malheureux ! avant de l’avoir vue, elle a dit que c’était elle.
PALESTRA. Je vais vous en donner la preuve. Il doit y avoir dans cette valise une cassette de bois. Je vous nommerai tout ce qu’elle renferme, sans que vous me montriez rien. Si je me trompe, ce sera comme si je n’avais rien dit, et vous garderez pour vous tout ce qui sera là dedans. Mais si je dis vrai, alors je vous supplie de me rendre ce qui m’appartient.
DÉMONÈS. À la bonne heure. Rien n’est plus juste ; à mon sens.
GRIPUS. Et au mien, rien n’est plus injuste. Car enfin, si c’est une sorcière ou une devineresse, et qu’elle nomme exactement ce qu’il y a, elle le gagnera donc par ses sortiléges ?
DÉMONÈS. Elle n’aura rien si elle ne dit vrai ; la sorcellerie ne l’avancerait pas beaucoup. Dénoue donc la valise ; que je sache bien vite la vérité.
TRACHALION. C’est cela mérité.
GRIPUS. Elle est dénouée.
DÉMONÈS. Ouvre.
PALESTRA. Je vois la cassette !
DÉMONÈS. C’est elle ?
PALESTRA. Oui. O mes parents, je vous tiens enfermés ici ! Là j’ai déposé tout ce que je possède, toutes mes espérances de vous retrouver.
GRIPUS. Alors ; ma foi, vous devez être maudite des dieux, pour avoir fourré vos parents si à l’étroit.
DÉMONÈS. Avance ici, Gripus, c’est toi que cela intéresse. Et vous, jeune fille, de la place où vous êtes, nommez tout ce qu’il y a dedans et dites la forme de chaque objet. Si vous vous trompez si peu que ce soit, ma foi, vous aurez beau demander à vous reprendre plus tard, ce sera comme si vous chantiez.
GRIPUS. C’est de toute justice.
TRACHALION. Ce n’est donc pas de toi qu’il parle, car tu es un fier coquin.
DÉMONÈS. Allons, dites, jeune fille, Gripus, attention, et tais-toi.
PALESTRA. Il y a des jouets.
DÉMONÈS. Les voici, je les vois.
GRIPUS. Je suis enfoncé à la première charge. Attendez, ne les montrez pas.
DÉMONÈS. De quelle forme sont-ils ? répondez avec ordre.
PALESTRA. D’abord une petite épée d’or avec des caractères.