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DÉDICACE À APOLLODORE

Dites qu’en ce regard qui consolait les herbes,
La vertu du Chanteur sereine s’attestait.
Dites que le vieux Luth onde comme d’eaux lentes
Ruissela vaste au vent miséricordieux
Et que la voix fut riche aux roses des guirlandes
Et sauve du droit pleur, ô Maître, de tes yeux !

(Tel, gardien du noir fleuve, un pâtre ami des lunes
Rêve, la flûte aux dents, sous les feux de la nuit.
Ses éparses brebis, sommeillantes les unes,
Les autres ras-tondant le gazon blanc qui luit,
Les sujettes brebis d’une infime fortune
Rangent un cœur prospère à l’empire du buis.
Or, que repris d’espoir, l’antique deuil du fleuve
Conte un jonc moins farouche aux souffles qui s’enfuient
Et que l’obscur gosier des lices loin qui pleurent
Cesse de s’effrayer de l’ombre qui bruit.
Le pâtre cependant boit au fil du vent noir
L’épice de l’heure âpre et des étoiles bleues :
Il publie aux doigts rois de ses sept trous de gloire
L’Onde fictive au loin veillante de hauts feux !)