Page:Pline l'ancien - Histoire naturelle, Littré, T1 - 1848.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
112
PLINE.


XVI.

1(XVIII.) La couleur des planètes se modifie suivant leur altitude : elles prennent une ressemblance avec les hauteurs dont elles ont traversé l’air, et en approchant elles se teignent, suivant le côté par où elles viennent, de la teinte du cercle qui ne leur appartient pas. Un cercle plus froid les rend plus pâles, un cercle plus chaud les rend plus rouges, un cercle venteux leur donne un aspect sinistre. Le soleil, les nœuds des apsides et l’extrémité de leur orbite leur ôtent leur éclat. Chaque planète a pourtant sa couleur, blanche pour Saturne, claire pour Jupiter, ignée pour Mars, blanchissante pour l’étoile du matin, flamboyante pour l’étoile du soir, radieuse pour Mercure, douce pour la lune, ardente pour le soleil quand il se lève, puis rayonnante. 2À ces causes se rattache la contemplation des étoiles fixes que renferme le ciel : tantôt on les voit former une multitude pressée autour de l’orbe à demi plein de la lune, à la douce lueur d’une nuit paisible ; tantôt, comme si elles avaient pris la fuite, elles deviennent rares, cachées qu’elles sont par la pleine lune, ou lorsque les rayons du soleil ou des autres planètes ont ébloui nos regards. La lune elle-même éprouve, sans aucun doute, des différences, suivant la manière dont elle reçoit les rayons du soleil. La convexité du monde les détourne et les amortit dans tous les cas, excepté quand ils la frappent à angle droit. 3Ainsi en quadrature elle est demi-pleine, en trine aspect elle offre un orbe à demi vide, qui se remplit en opposition ; puis, dans son décours, elle présente les mêmes phases aux mêmes intervalles : la théorie en est semblable à celle qui régit les trois planètes supérieures.

XVII.

1(XIX.) Le soleil lui-même éprouve quatre différences, faisant deux fois la nuit égale au jour, au printemps et à l’automne ; époques auxquelles il répond au milieu de la terre, dans le huitième degré du Bélier et de la Balance, et revenant deux fois sur ses pas, l’une pour augmenter le jour, au solstice d’hiver, dans le huitième degré du Capricorne, l’autre pour augmenter la nuit, au solstice d’été, dans le huitième degré de l’Écrevisse. 2La cause de cette inégalité est l’obliquité du zodiaque : une partie égale du monde est, il est vrai, à tout moment au-dessus et au-dessous de la terre ; mais les signes qui montent perpendiculairement gardent la lumière pendant un plus long espace : au contraire, les signes qui montent obliquement passent avec plus de rapidité.

XVIII.

1(XX.) On ignore généralement que, par une observation attentive du ciel, les maîtres de la science ont établi que les trois planètes supérieures projettent des feux qui, tombant sur la terre, ont le nom de foudres. Ces feux proviennent surtout de la planète intermédiaire, peut-être parce que, recevant un excès d’humidité du cercle supérieur, et un excès de chaleur du cercle inférieur, elle se débarrasse de cette façon ; c’est pour cela que l’on a dit que Jupiter lançait la foudre. 2Ainsi, de même qu’un bois enflammé projette un charbon avec bruit, de même l’astre projette un feu céleste qui apporte en même temps des présages, les opérations divines ne cessant même pas dans la partie ainsi rejetée. C’est surtout lorsque l’air est agité que survient ce phénomène, parce que les humidités retenues dans l’atmosphère provoquent l’émission d’un feu abondant, ou parce que la perturbation est due à une sorte d’enfantement de la planète.

XIX.

1(XXI.) Beaucoup ont essayé de déterminer la distance des astres à la terre ; et ils ont dit que le soleil lui-même est dix-neuf fois plus éloi-