Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/131

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an sénat. À ce sujet, vous ajoutâtes que ceux qui avaient besoin d’un exemple pouvaient se régler sur le vôtre. Exemple difficile à imiter, César, et qui n’est pas plus accessible à tout candidat qu’à tout prince ! Quel candidat pourrait un seul jour montrer au sénat plus de respect que vous ne lui en témoignez durant toute votre vie, et particulièrement à l’époque où vous prononcez sur le sort des candidats eux-mêmes ? N’est-ce pas en effet par déférence pour le sénat que vous avez offert à de jeunes hommes de la plus illustre origine une dignité due sans doute à leur naissance, mais qui ne l’était pas encore à leur âge ? Le temps est donc venu où la noblesse, au lieu d’être éclipsée par le prince, reçoit de lui un nouvel éclat ! Enfin ces descendants des héros, ces derniers fils de la liberté, César ne les effraye ni ne les redoute. Que dis-je ? il avance pour eux le temps des honneurs, il rehausse leur dignité, il les rend à leurs ancêtres. Partout où il trouve quelque reste d’une ancienne lignée, quelque débris d’une vieille illustration, il le recueille, il le ranime, il le fait valoir au profit de la république. Les grands noms sont en honneur auprès des hommes, auprès de la renommée, arrachés aux ténèbres de l’oubli par la générosité de César, dont le mérite singulier est de conserver des nobles aussi bien que d’en faire.

LXX- Un des candidats avait exercé dans une province l’autorité de questeur, et fondé par d’admirables règlements les revenus d’une cité importante. Vous avez cru devoir lui en faire un titre auprès du sénat. Et pourquoi, sous un prince dont la vertu a surpassé la naissance, ceux qui ont mérité d’anoblir leurs descendants seraient-ils moins favorisés que ceux dont les pères étaient déjà nobles ? Ô que vous êtes digne de rendre toujours le même témoignage à nos magistrats, et d’engager au bien par la vue non des méchants punis, mais des bons récompensés ! La jeunesse a senti l’aiguillon de la gloire, et conçu le désir d’imiter ce qu’on louait devant elle ; c’est une pensée qui a pénétré dans tous les esprits, quand on a vu que rien de ce qui se fait de bien dans les provinces n’échappait à votre connaissance. Il est utile, César, il est salutaire à ceux qui les gouvernent, d’avoir l’assurance que leur intégrité et leurs talents obtiendront le plus noble salaire, l’estime du prince, le suffrage du prince. Jusqu’ici les âmes les plus pures et