Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/149

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l’autorité que par la raison, les peuples mécontents ; d’arrêter les injustices des magistrats, et de rendre aussi nulle que si elle n’avait pas été toute chose qui aurait dû ne pas être ; enfin, pareil au plus vite d’entre les astres, de tout voir, de tout entendre, et, en quelque lieu qu’on vous invoque, d’y faire sentir à l’instant même, comme un dieu tutélaire, votre présence et votre appui ! Sans doute, c’est ainsi que le père du monde en règle l’économie d’un signe de sa tête, lorsque, abaissant ses regards sur la terre, il daigne compter les destinées des hommes parmi les soins de sa divinité ; car, libre et dispensé maintenant d’une telle sollicitude, il ne s’occupe que du ciel, depuis qu’il vous a chargé de le représenter auprès du genre humain tout entier. Vous le représentez en effet, et vous êtes son digne mandataire, puisque toutes vos journées sont remplies par des actions qui mettent le comble à notre bonheur et ajoutent à votre gloire.

LXXXI- S’il arrive que vos actes souverains soient au pair avec l’immense courant des affaires, vous regardez le changement de travaux comme un délassement. Quelles récréations connaissez-vous en effet, sinon de parcourir les forêts, de lancer des bêtes fauves, de franchir le sommet des plus hautes montagnes, de marcher sur les pointes hérissées des rocs, sans que personne vous soutienne ou vous trace le chemin, et, au milieu de ces courses, d’aller avec une âme pieuse visiter les bois sacrés, et porter aux dieux vos hommages ? Voilà quels étaient jadis l’apprentissage et l’amusement de la jeunesse ; voilà dans quels exercices on élevait les futurs chefs de guerre : lutter de vitesse avec les animaux les plus légers à la fuite, de force avec les plus hardis, d’adresse avec les plus rusés. Et l’on ne croyait pas la paix sans honneur, lorsqu’on avait repoussé des campagnes l’irruption des bêtes farouches, et délivré comme d’un signe les travaux rustiques. Ils prétendaient à cette gloire les princes même qui ne savaient pas la mériter ; mais de quelle manière y prétendaient-ils ? des animaux domptés, abâtardis par la captivité, étaient lâchés devant ces ridicules chasseurs, qui signalaient sur cette proie facile leur adresse menteuse. César joint la peine de chercher la proie à celle de la prendre ; et son plus grand travail, qui est aussi le plus agréable, c’est de la trouver. Que s’il lui plaît quelquefois de déployer sur les mers cette même vigueur de