Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/163

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reux ? c’est l’éloge de la fortune, et non des mœurs : de Grand ? il s’y attache plus d’envie que d’éclat. L’adoption d’un très bon prince vous a donné le nom de ce prince ; l’adoption du sénat, celui de Très Bon. Ce dernier vous est aussi propre que le nom paternel ; et l’on ne vous désigne pas plus clairement et plus spécialement en vous appelant Trajan, qu’en vous nommant le Très Bon. Ainsi la frugalité désignait jadis les Pisons, la sagesse les Lélius, la piété les Métellus : or ces vertus, votre seul nom les embrasse toutes ; et l’on ne peut être tenu pour très bon, si l’on ne surpasse les meilleurs en tout genre, par l’endroit même où chacun d’eux excelle. C’est donc avec raison que ce titre a été ajouté, comme plus grand, à tous vos titres. Car c’est un moindre mérite d’être empereur, et César, et Auguste, que d’être meilleur que tous les empereurs, tous les Césars, tous les Augustes. Aussi le père des hommes et des dieux est-il révéré comme très bon d’abord, ensuite comme très grand ; rapprochement glorieux pour vous, de qui la bonté n’éclate pas moins vivement que la grandeur. Vous avez mérité un nom qui ne peut passer à un autre sans paraître emprunté dans un bon prince, faux dans un mauvais. Dussent tous les empereurs s’en décorer par la suite, toujours cependant il sera reconnu comme vôtre. De même en effet que le nom d’Auguste nous rappelle le premier auquel il fut consacré, de même ce titre de Très Bon ne reviendra jamais, sans vous à la mémoire des hommes ; et, autant de fois que nos neveux seront obligés de nommer un prince Très Bon, autant de fois ils se souviendront qui mérita d’être ainsi appelé.

LXXXIX- Quel contentement vous goûtez aujourd’hui, divin Nerva, en voyant celui que vous avez adopté comme très bon, l’être en effet, et en recevoir le nom ! Combien vous vous réjouissez de ce que, comparé à votre fils, c’est vous qui êtes vaincu ! car si quelque chose manifeste surtout la grandeur de votre âme, c’est que, très bon vous-mê ;me, vous n’ayez pas craint de choisir un fils encore meilleur. Et vous, Trajan, père du héros que je loue, vous dont la place, si elle n’est pas dans le ciel, est si près néanmoins du céleste séjour, avec quel plaisir ineffable vous voyez votre ancien tribun, votre ancien soldat, devenu maintenant un si grand empereur, un si grand prince ! avec quelle vivacité pleine d’amitié vous et