Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/77

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tant de cœurs par la reconnaissance ! Sans doute il lui semblait révoltant qu’on implorât d’un homme ce que les dieux ont donné. Vous êtes frère et sœur, aïeul et petit-fils : pourquoi donc demanderiez-vous à le devenir ? votre qualité réside en vous-mêmes. Qu’ajouterai-je encore ? un prince si modeste ne croit pas moins odieux de donner l’héritage d’autrui que de l’ôter. Réjouissez-vous donc d’arriver aux honneurs, recevez avec empressement le droit de cité. Ce nouvel engagement ne laissera plus le père de famille seul, et pareil au tronc dépouillé de ses rameaux : chacun jouira de tout ce qui lui fut cher ; seulement il en jouira dans une situation plus brillante.

XL- La parenté même la plus éloignée, et ces degrés où l’alliance s’éteint, ne seront plus, pour toute succession indistinctement assujettis au vingtième. Le père commun des Romains a fixé la somme à laquelle pourrait toucher la main du receveur. Un héritage pauvre sera déchargé de l’impôt. La reconnaissance de l’héritier pourra, si elle veut, tout dépenser en frais de tombeau et de funérailles : personne ne sera là qui l’épie ou la réprime. Quiconque est appelé à une modique succession peut la recevoir sans inquiétude, la posséder sans trouble. La condition est imposée au vingtième de n’atteindre que celui qui devient riche. Une rigueur est changée en un sujet de se réjouir, un sacrifice en une chose désirable ; tout héritier souhaite maintenant d’être soumis au vingtième. L’édit va plus loin, il remet les sommes dues et non acquittées sur les petits héritages, jusqu’au jour où il fut publié. Pourvoir au passé n’est pas en la puissance des dieux mêmes, et cependant vous y avez pourvu : vous avez voulu qu’il cessât de rien devoir sur un impôt que l’avenir ne devra pas ; c’est faire en sorte que nous n’ayons pas eu de mauvais princes. Avec ce caractère, combien vous auriez volontiers, si la nature le permettait, rendu le sang et les biens à tant de malheureux dépouillés ou mis à mort ! Vous avez défendu qu’on exigeât les dettes d’un siècle qui n’était pas le vôtre. Qu’un autre s’irrite d’un retard de payement comme d’une révolte, et le punisse de l’amende du double ou du quadruple : à vos yeux, c’est une égale iniquité d’exiger une dette injustement créée, ou de la créer pour l’exiger ensuite.

XLI- Vous porterez, César, tout le poids des sollicitudes