Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/79

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consulaires ; car, lorsque je pense que vous avez tout ensemble fait remise des offrandes volontaires, comblé de largesses les soldats et le peuple, chassé les délateurs, modéré les impôts, il me semble qu’on pourrait vous demander si vous avez calculé assez exactement les revenus de l’empire, et si l’économie du prince a en elle-même d’assez grandes ressources pour suffire à tant de dépenses, à tant de libéralités. Comment se fait-il que d’autres princes, qui ravissaient tout et gardaient toutes leurs rapines, fussent aussi dépourvus que s’ils n’avaient rien pris ni rien gardé ; tandis que vous, qui donnez tant et ne prenez à personne, vous avez des trésors qui ne s’épuisent jamais ? En aucun temps il ne manqua chez les princes de ces hommes à la mine austère et au front sourcilleux, toujours prêts à défendre avec dureté les intérêts du fisc. Trop de princes d’ailleurs eurent d’eux-mêmes l’âme assez avide et les mains assez ravissantes pour se passer de maîtres ; c’est de nous cependant qu’ils ont toujours le plus appris contre nous-mêmes. Pour vous, César, toutes les adulations, mais surtout celles de l’avarice, trouvent vos oreilles fermées. Les flatteurs se taisent, ils demeurent en repos ; et, depuis qu’il n’y a personne pour écouter les conseils, il n’y a personne qui songe à en donner. Il s’ensuit que, si nous vous devons beaucoup pour vos mœurs, nous vous devons davantage pour les nôtres.

XLII- Les lois Voconia et Julia enrichissaient encore moins le fisc et le trésor que les accusations de lèse-majesté, ce crime unique et spécial de quiconque était sans crime. Vous avez banni des esprits la crainte de ce fléau, content d’une grandeur dont nul ne manqua plus que ceux qui avaient des prétentions à la majesté. Vous avez rendu aux amis la fidélité, aux enfants la tendresse, aux esclaves la soumission. Ceux-ci craignent, ils obéissent, ils ont des maîtres. Ce ne sont plus nos serviteurs, c’est nous qui sommes les amis du prince ; et le père de la patrie ne se croit pas plus cher aux esclaves d’autrui qu’à ses propres citoyens. Vous nous avez tous délivrés d’un accusateur domestique ; et par ce seul acte, heureux signal du salut public, vous avez éteint, pour ainsi dire, une autre guerre servile. Et en cela vous n’avez pas moins fait pour les serviteurs que pour les maîtres : nous sommes devenus plus tranquilles, eux meilleurs. Vous ne voulez pas cependant