Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/89

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moins peut-être par aversion que par honte, des sciences ennemies du vice ! Ces mêmes sciences, vos bras leur sont ouverts ; vos yeux, vos oreilles en font leurs délices ; ce qu’elles recommandent, vous le pratiquez ; vous les chérissez autant qu’elles vous honorent. Quel est l’ami des lettres qui, parmi tant d’autres sujets de louanges, ne loue surtout la facilité avec laquelle on est admis auprès de vous ? Ce fut une grande pensée de la part de votre père, d’inscrire sur cette demeure, qui, sous vos prédécesseurs et les siens, était une forteresse, le titre de palais public : inscription vaine cependant, s’il ne s’était donné un fils qui pût y habiter comme en un lieu public. Que ce titre s’accorde bien avec vos mœurs ! et comme on croirait, par tout ce que vous faites, qu’il n’eut pas un autre auteur que vous-même ! Quel forum, quels temples, sont aussi ouverts que votre palais ? Non, le Capitole, ce théâtre auguste de votre adoption, n’est pas d’un abord plus commun, plus accessible à tous. Point de barrières à forcer : ce n’est pas chez vous qu’après avoir passé d’humiliation en humiliation, et franchi le seuil de mille portes, on trouve toujours devant soi quelque chose qui résiste et qui fait obstacle. Devant vous, derrière vous, mais surtout près de vous, règne un majestueux repos. Partout le silence est si profond, la décence si religieusement gardée, que de la maison du prince on rapporte, sous les toits les moins riches et aux plus humbles foyers, des exemples de modestie et de tranquillité.

XLVIII- Vous-même, avec quelle bonté vous recevez, vous attendez tout le monde ! que de loisirs vous savez trouver chaque jour, parmi les soins infinis du rang suprême ! Ainsi nous n’arrivons plus à l’audience impériale la frayeur dans l’âme, et frappés de la crainte qu’un instant de retard mette notre tête en péril. Nous y venons pleins de confiance et de joie, à l’heure qui nous est commode ; et, au moment d’être reçus chez le prince, il est telle affaire qui peut nous retenir à la maison comme plus indispensable. Auprès de vous, nul besoin d’excuse ; nous sommes d’avance excusés. Vous savez que c’est soi-même qu’on satisfait, en cherchant le bonheur de vous voir, de grossir votre cour ; aussi vous communiquez-vous et généreusement, et longtemps. La fuite et la solitude ne succèdent point à vos réceptions : nous demeurons, nous nous arrêtons, comme en notre commun domicile, dans ce palais que naguère