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XXXII
PRÉFACE.

rieurs. Et cela est vrai, non seulement pour les philosophes qui ont continué son école ou commenté ses écrits, tels que Porphyre et Proclus, mais aussi pour des auteurs qui ne sont pas des philosophes de profession. Nous citerons en exemple le littérateur Macrobe. Dans ses Saturnales, et surtout dans son Commentaire sur le Songe de Scipion, cet écrivain cite en plusieurs endroits Plotin[1], mais plus souvent encore il lui fait des emprunts dont il n’indique pas la source, ou bien il applique les doctrines du maître en les incorporant intimement à son œuvre. Cette œuvre reste nécessairement obscure, inintelligible même, pour qui n’en a pas la clé, c’est-à-dire pour qui n’a pas présentes les théories néoplatoniciennes : aussi Macrobe a-t-il fait jusqu’ici le désespoir des commentateurs et des traducteurs. Nous nous sommes, par ce motif, attaché à signaler tous les points de contact que nous avons pu saisir entre les écrits de cet auteur et ceux de Plotin : nous croyons avoir ainsi préparé la voie à une interprétation plus intelligente et plus profonde de ces écrits.

La connaissance des Ennéades ne sera pas moins utile pour l’intelligence des écrivains chrétiens. Par suite de cette affinité que nous signalions tout à l’heure entre le Platonisme et le Christianisme, plusieurs des Pères de l’Église ont fait à Plotin de nombreux emprunts : ces emprunts sont si fréquents dans saint Basile, dans saint Grégoire de Nysse, etc., qu’on a pu en faire de curieux recueils[2]. Eusèbe[3], saint

  1. Voy. notamment les morceaux cités p. 322, 362, 368, 384, 386, 401-403, 440-443, 447, 451, 454, 459-461, 478-480.
  2. A. Jahn, savant philologue de Berne, a publié en 1838 une curieuse brochure intitulée : Basilius magnus Plotinizans, dans laquelle il a recueilli et mis en parallèle un assez grand nombre de passages identiques de Plotin et de saint Basile (Voir notamment le morceau indiqué ci-dessus, p. XXVIII. note 3). Déjà, en 1820, Engelhardt avait publié à Erlangen une dissertation De Dionysio Areopagita Plotinizante.
  3. Préparation Evangélique, liv. XI, 17 ; XV, 10, 22.